lundi 10 septembre 2012

Dernier tour en Corse ...

Je veux dire d'abord un mot sur les cultures courantes dans le Niolo. Ce sont celles des autres régions de la Corse d'une altitude analogue: Le canton étant jadis isolé du reste de l’ile devait se suffire à lui-même. Certes les habitants étaient sobres, de nourriture et de boisson, ils le sont encore aujourd'hui. Encore leur fallait-il assurer leur existence.
Ils semaient donc du blé et surtout du seigle jusqu'à une altitude assez élevée. Il n'est pas rare de rencontrer d'anciennes aires à battre à 15oo et 1600 mètres d'altitude, près des bergeries de la montagne. Mais, depuis la construction de la route, les habitudes ont changé. On ne laboure plus aujourd'hui que dans les environs immédiats des villages.
Parmi les cultures caractéristiques, il faut citer le lin et le tabac. La fabrication de la toile a presque entièrement disparu, mais de vieilles femmes ayant gardé les habitudes d'antan persistent à filer et à tisser, en particulier de la grosse toile pour faire des sacs et des couvertures. C'est dire que tous les ans, dans les villages on fait encore un peu de lin.
Quant au tabac, il s'agit de ce qu'on appelle l'herba corsa, dont l'odeur est caractéristique. On le cultive beaucoup dans le Niolo. La saison venue, les grandes feuilles sont étendues par terre à sécher au soleil, et aussi à la poussière.
Il y a dans le canton beaucoup de châtaigniers et l'on en plante de plus en plus. Jadis leur nombre était assez limité, mais, à l'inverse du blé et du seigle, depuis la construction de la route, le châtaignier se multiplie. Il pousse beaucoup moins rapidement que dans la Castagniccia et, sauf à Sidossi et Casamaccioli et les endroits bien abrités et bien exposés, il est loin d'atteindre la grosseur qu'on lui voit dans les autres régions de l'île.
On cultive dans le Niolo les légumes et les fruits les plus classiques, ceux des pays tempérés à cause de l'altitude. On trouve dans les jardins les haricots, petits pois, choux-fleurs; tomates, artichauts, etc. Les haricots de Calacuccia sont justement célèbres dans toute la Corse par leur grosseur et leur finesse. Quelques amandiers rappellent que le Niolo est dans une situation méridionale.
On rencontre de la vigne dans tout le canton, même à Calasima (1100m) Ce n'est pas que le raisin mûrisse complètement, surtout dans ce dernier village. On peut même dire qu'il en est rarement ainsi, mais les vignerons soigneux obtiennent un excellent vin de table. Le cépage le plus répandu est le rafaglione, qui donne un gros raisin rouge assez abondant. Mais dans les vignes il se trouve toujours quelques pieds de muscat et de malvoisie. A la récolte, qui n'a guère lieu avant le 10 ou 15 octobre, les grappes sont déposées pêle-mêle dans les paniers sans distinction de blanc ou de rouge, de muscat ou de rafaglione et les paniers versés dans la cuve. Dans le Niolo, comme dans beaucoup de villages corses, on foule encore le raisin avec les pieds.
(Charles de la Morandière, Le Niolo, 1933)


Aire à battre

Ciuttulu di i Mori

Ponte Muricciolu

Cima a i Mori

"Ainsi, quand tout est détruit ou même seulement transformé par le travail de l'homme,  ce qu'il reste d'un lieu, c'est sa partie immatérielle, la plus dure à faire disparaître, son nom." nous dit Marie-Eugène Héraud. 
Dans la très haute vallée du Niolo, région de Corse où Saint-Martin luttait farouchement contre le diable … certains toponymes nous rappellent la présence des Maures : Ponte Muricciolu, Cima a i Mori, Ciuttulu di Moriet c’est bien étonnant … Non seulement, leur présence doit remonter à plus d’un millénaire mais la région fût anéantie en 1503 par Gênes et le célèbre génocidaire Nicolas Doria … les récoltes et la forêt brulées, les villages rasés, les habitants tués où déportés … On dit que le Niolo resta une centaine d’années désertique … On ne se souvient pas des Maures au Niolo et pour cause … Comment les noms de lieu ont-ils perduré sachant que la transmission était orale ? Je ne sais pas .... Dans son ouvrage, notre randonneur amoureux du Niolo Charles de la Morandière, nous rappelle la complexité de la toponymie corse « Rien de plus difficile que de faire préciser l'appellation d'un point quelconque. Les bergers donnent en général à un ruisseau le nom du lieu qu'il traverse. Par conséquent, ce ruisseau prend successivement autant de noms qu'il traverse de lieux dits. C'est ainsi que le Rudda, beau torrent cependant, s'appelle le Laccia lorsqu'il se jette dans le Golo. D'un autre côté, des bergers m'ont donné des noms différents pour tel rocher ou tel endroit. Enfin il est fort difficile d'appliquer une orthographe précise à un nom qui n'a jamais été écrit... Et pourtant ... 




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