jeudi 28 février 2013

J'aime Caillebotte et son jardin du Petit Gennevilliers ...


Tandis que je patiente un peu, j'aperçois des gens qui jardinent derrière une palissade. La porte s'ouvre et quelqu'un me demande si je veux «visiter le parc».
Je comprends qu'il s'agit du jardin du Secours catholique que j'ai vu sur la liste.
Je rentre ; là trois personnes officient : une dame, en robe et grandes chaussettes noires s'extasie sur une fleur, car c'est aussi une racine, l'homme qui m'a conviée à entrer: torse nu, une canette à la main, un peu confus, et enfin le jardinier responsable.
C'est un homme assez beau, un peu âgé, décharné, sec, d'origine kabyle sans doute.
Il est un peu accablé par tout ce qui reste à faire au jardin. J'explique que j'ai rendez-vous à côté et que j'écris un livre sur les jardins, ce qui suscite une certaine hilarité doublée d'intérêt.
Mais quand je fais part de mon admiration pour tout ce qui est construit, le jardinier responsable se lève pour me faire visiter. Il me nomme chaque plante, m'explique la construction de la cabane, l'intérêt des toilettes sèches, pourquoi il y a une sorte de petite barrière le long d'un carré planté, etc. Il me montre tout ce qu'il a déjà débroussaillé, se plaint amèrement de n'avoir pas d'aide et de ceux qui viennent seulement s'amuser, boire et prendre du bon temps. Il me convie à une prochaine rencontre qui regroupera au moins cent personnes autour de grillades au feu de bois...
Je rentre dans la parcelle d'à côté. Les terrains sont mitoyens mais un monde les sépare...
La parcelle de l'association Lez'arts est un havre végétal procurant d'emblée une sensation de bien-être. Il faut aller au fond de la parcelle pour accéder au bar qui donne devant la scène, construite cette année pour un concert avec les Touré Kunda, où ils ont accueilli 800 personnes. Enfin le responsable arrive. Un beau jeune homme aux yeux clairs qui porte une coiffure avec des dreadlocks comme l'un des autres animateurs.
De nombreux Africains fréquentent le lieu. Je comprends qu'il s'agit plus d'un enjeu d'appropriation du territoire par les habitants que de jardinage en tant que tel. « En milieu urbain, on ne peut qu'initier petit à petit les habitants ».
Suite à une convention avec la ville, ils ont pu financer des postes pour faire l'accueil des enfants qui viennent avec le centre de loisirs. Une exposition de leurs créations végétales est présentée sous un petit préau.
Quand des gens arrivent, ils se saluent, ou se font la bise. C'est cool, on écoute du reggae... En partant, je passe devant les plantes qu'ils viennent d'acheter chez Truffaut. Je leur raconte l'histoire de Kokopelli qui donne des graines pour le jardin d'insertion du 12e, et j'admire la mare, les sculptures... On se croit ailleurs...
Je rentre dans la chaleur du soir, et je me souviens du titre d'un livre sur les communautés en Ardèche Au fond de la forêt, l'État. Ici c'est entre les parcelles, le choc des différences sociales.












(Ouvrage collectif, Jardiniers du bitume, 2011)

Gustave Caillebotte jardinant au Petit Gennevilliers
Gustave Caillebotte, Le potager,  Petit Gennevilliers (1894)
 Gustave Caillebotte, Tournesols au Petit Gennevilliers, 1885

lundi 25 février 2013

Les allées d'arbres dans le paysage ...

Pour faire face à l'augmentation du trafic automobile, les chantiers autoroutiers se multiplient, on élargit les routes existantes, on "rectifie" les virages. Et ce faisant, on fait table rase des arbres. Dès 1928, ces travaux sont dénoncés dans la presse suédoise, où ils sont assimilés ... à du vandalisme.  Mais c'est surtout après-guerre que, dans l'Europe de l'Ouest, on assiste à l’hécatombe. Dans l'Europe de l'Est, le taux de motorisation ayant explosé à son tour dans les années 1990, il est à craindre que les abattages massifs y menacent désormais ce qu'il reste véritablement du patrimoine européen. La comparaison entre l'ex-Allemagne de l'Ouest et l'ex-Allemagne de l'Est, longtemps préservée,  permet de percevoir concrètement les effets dévastateurs des politiques d'aménagement passées : alors qu'elle est environ 2,5 fois plus vaste, le linéaire de doubles alignements y est aujourd'hui près de 5 fois moins important qu'à l'Est (5 200 km contre 23 000 km). En France, le département de Seine-et-Marne, pourtant parmi les plus attentifs à son patrimoine, compte aujourd'hui à peine un dixième (17 500) du nombre d'arbres qui bordaient ses routes à la fin du 19ème siècle (200 000).
(Chantal Pradines, Infrastructures routières : Les allées d'arbres dans le paysage, 2009)


Lire le rapport 


Alignement d'accès au Château de La Cosse
Alignement devenu mixte à Lagoy
Alignement très dense à Miromesnil
Reste d'alignement à Vaux


J'aime les alignements, j'en ai parlé l'année dernière ... c'est un élément de composition du territoire ... en relisant ce rapport de Chantal Pradines pour les besoins de ce blog, en regardant les photographies des jardins que j'ai visités, je me dis, qu'ils soient le long des routes, le long des allées... pas un pareil ...  mais comment se fait-il que les alignements soient tous si différents et pourtant tous conçus plus ou moins à l'identique ? ... Mais heureusement, bientôt il n'y en aura plus ... Ouf! on a eu chaud ... Trop de beauté doit sûrement nuire à quelque chose ...

jeudi 21 février 2013

Fontanarosa ...

Depuis la disparition de Vicente Blasco Ibanez, le morcellement et la construction du programme immobilier dans la partie haute du jardin, puis la démolition de la maison principale, ont très profondément bouleversé le jardin et son environnement. Cette nouvelle situation oblige à créer des adaptations. Ce type de mesures a déjà été mis en œuvre il y a quelques années par la municipalité de Menton en plantant une lisière de cyprès qui permet d'améliorer le problème du vis-à-vis entre les nouveaux immeubles et le jardin. D'autres adaptations devront être effectuées pour redonner au jardin un fonctionnement normal. C'est le cas par exemple avec le réseau hydraulique qui alimentait les nombreux bassins de Fontana Rosa. Il semble que Blasco Ibanez ait réutilisé d'anciens réservoirs qui permettaient d'arroser les plantations d'agrumes. Ces pièces d'eau étaient alimentées - comme bien souvent à partir de la fin du XIXe siècle - en "eau de concession". (…) Les structures végétales ont elles aussi largement évolué depuis les années 1920, ce qui empêche toute restitution d'un prétendu état Blasco Ibanez des plantations. Certains secteurs du jardin ne sont de plus pas autrement documentés que par les seuls vestiges restés en place. Aussi, quelques arbres qui ont atteint un développement spectaculaire aujourd'hui, outre le fait qu'ils créent une situation d'éclairement et de concurrence nouvelle, sont devenus des sujets remarquables. Ainsi, un immense Araucaria heterophylla proche de la salle de cinéma et visible depuis l'ensemble du quartier de Garavan sera conservé aussi longtemps que possible et ce, bien qu'il déstabilise la terrasse sur laquelle il est planté. La restauration de ce mur de terrasse, elle aussi en cours, intègre par contre des dispositifs qui permettent de faire face à la poussée des racines et d'accepter les mouvements du terrain. De même, les immenses Ficus macrophylla que l'on trouve à l'entrée du jardin et qui ont happé les massifs, maçonneries et cheminements de ce secteur tout en empêchant la végétation en sous-étage de pousser, seront néanmoins eux aussi conservés.
(Pierre-Antoine Gatier, Le jardin de Fontanarosa à Menton : Les enjeux d'une restauration et d'un projet de réutilisation, Polia n°3, 2005)
Photographie : anneedujardinier.blogspot.fr
Photographie : anneedujardinier.blogspot.fr
Photographie : anneedujardinier.blogspot.fr
Photographie : anneedujardinier.blogspot.fr
Photographie : anneedujardinier.blogspot.fr
J'aime les jardins en ruine ... le défaut des jardins en ruine c'est qu'ils ont une tendance imbécile à vouloir disparaitre ... il faut bien intervenir ... mais comment ?  Pierre-Antoine Gatier nous livre dans un article paru dans le regretté Polia une première approche sensible pour conserver et restaurer ce type de jardin ... pas facile ...

lundi 18 février 2013

Histoire tragique ...

Pourquoi les cerfs s'obstinent-ils au fil des ans à traverser les mêmes tronçons de la nationale 7, au sud de Fontainebleau ? Comment expliquer que des sangliers pourchassés en forêt aboutissent régulièrement sur un parking de supermarché ? Parce que ces grands animaux sauvages ont une mémoire de leurs parcours, et que celle-ci perdure de génération en génération. Une caractéristique que devront prendre en compte les schémas régionaux de cohérence écologique, prévus par le Grenelle de l'environnement pour maintenir ou rétablir les continuités écologiques indispensables à la faune sauvage.
Pour décider où se situeront ces « biocorridors », connaître les déplacements des grands ongulés - des espèces « parapluies » dont la présence signe celle de bien d'autres plantes et animaux - est une étape indispensable. Mais comment retracer les parcours naturels de ces mammifères alors que leur biotope est truffé d'obstacles, infrastructures routières ou ferroviaires, canaux, zones industrielles ou urbaines ? En ouvrant les archives des chasses à courre de France et de Navarre.
De nombreux équipages de vénerie ont consigné de longue date leurs parcours de chasse dans des livres de comptes-rendus, parfois accompagnés de cartes. Et celles-ci confirment, notamment en forêt de Fontainebleau, où la chasse royale se pratiquait dès François Ier, que cerfs et chevreuils empruntent, quand ils le peuvent, des parcours identiques depuis au moins deux siècles.
« Les ongulés ont une perception avant tout olfactive des espaces dans lesquels ils vivent », explique Vincent Vignon, naturaliste et fondateur d'un bureau d'études spécialisé en écologie. Or une partie de ces repères olfactifs - les odeurs dégagées par les roches, par certains sols ou par l'humidité - est immuable. Les animaux peuvent se caler sur eux pour établir leurs voies de déplacement. Lesquelles, transmises des adultes aux petits, finissent par constituer une « mémoire collective » propre à ces groupes d'ongulés.

(Catherine Vincent: Extrait de l’article fuite des cerfs face aux chasseurs : une affaire de mémoire, paru dans l'édition du Monde du 27 décembre 2012)

Hôtel de Matignon vers 1885-1890
Que de Matignon en ce moment ... Cet article du Monde me donne peut être enfin la clé d'une énigme … Les canards de Matignon … ne confondez pas avec ceux de l’Elysée, les nôtres étaient sauvages … Chaque année, on les voyait arriver, ils s’installaient dans le parc, pondaient etc … Il n’y a pas de bassin à Matignon, une fois nés,  les canetons se faisaient dévorer un par un par les corbeaux, les geais … et même peut être par ce fameux chat noir qui régnait en maître sur ce territoire … il n’y avait pas grand-chose à faire … Avec un peu de chance, un ou deux s’en sortaient … Mais pourquoi venaient-ils ici ces satanés canards alors qu’il n’y a pas d’eau pourtant indispensable ?… Ils ne sont pas malins … Un jour, j’ai découvert cette photographie où il apparaît qu’une mare (dont j'ignore tout) se trouvait à Matignon …  Alors ces canards ? Ont-ils eux aussi fini par se constituer une mémoire collective ? Mémoire collective qui comme pour ces pauvres sangliers et cervidés leur a été fatale … du moins à leur descendance ... 

jeudi 14 février 2013

Domaine de Roussan, jardin de plaisir ...

Du jardin de plaisir
Que si le prince ou autre grand faisait divers jardins, pour ne laisser les fruits à l'abandon des gens de sa suite, il suffira de les séparer en deux; l'un pour le plaisir et la beauté, qui aura les fontaines enrichies, les canaux et ruisseaux enjolivés, les grottes et lieux souterrains, les volières, les galeries ornées de peinture et de sculpture, l'orangerie, les allées et promenoirs mieux agencés, couverts ou découverts, les pelouses et préaux pour les jeux de ballon, et exercices de la personne, les longs jeux de palmail (paume), les bosquets, les autres corps de relief, bien disposés aux environs des parterres, ou entremêlés par dedans, ainsi qu'il conviendra.
(Jacques Boyceau de la Bareaudière, Traité du jardinage selon les raisons de la nature et de l’art,1638)

Le château, le jardin


Le canal 
L'allée d'entrée
La serre
La serre, les ouvrants
Ancien canal d'irrigation
Le jardin dit "anglais" ... à droite, un très beau plaqueminier (Diospyros kaki)

lundi 11 février 2013

Pouêt-Pouêt ou la beauf 'attitude ...

Bien que Manhattan, à l'instar du reste de l'Amérique, soit totalement dépendant de l'automobile, c'est l'endroit du pays qui s'en préoccupe le moins. Les rues sont trop étroites et mal entretenues, la circulation de passage et le trafic local doivent emprunter les mêmes itinéraires ; il n'y a pas assez de routes pour pénétrer sur l'île et en repartir, et bien trop peu d'emplacements de stationnement. Les parkings du centre sont presque toujours complets dès onze heures du matin, et aucune place ne se libère avant quatre heures de l'après-midi. Dans le quartier des théâtres, ils se remplissent de nouveau vers dix-neuf heures trente. Aucun grand magasin de Manhattan n'offre de places de parking à ses clients, et les immeubles de bureaux de Manhattan n'en offrent qu'à une infime portion de leurs locataires. Dans les autres districts, vous pouvez au moins vous garer le long du trottoir comme un être humain normal, mais dans tout le centre de Manhattan vous ne pouvez pas du tout vous garer le long du trottoir. Et si vous le faites quand même, la police rapplique avec de grosses dépanneuses vert foncé et sales qui embarquent votre véhicule jusqu'à une sorte de hangar délabré sur les quais près de l'Hudson River, et vous devez débourser une cinquantaine de dollars pour la récupérer.
Peut-être serait-il préférable d'interdire toutes les voitures dans le centre de Manhattan, avec des services de navettes desservant d'immenses parkings situés à la périphérie, comme l'avait suggéré Norman Mailer. Ou peut-être vaudrait-il encore mieux construire d'un bout à l'autre de l'île, sept ou huit super-autoroutes surélevées, en détruisant tout ce qui se trouve sur leur chemin, comme l'avait suggéré Robert Moses. Mais s'il existe au monde une race de politiciens qui comprend le sens du mot «compromis» c'est bien un politicien new-yorkais, voilà pourquoi Manhattan a hérité des plus mauvaises choses des deux philosophies : chaque jour ils remplissent la ville de voitures, en faisant comme si de rien n'était.
(Donald Westlake, Dancing Aztecs, 1976)

Voiturettes pour visiter le Petit Parc de Versailles
Stationnement autorisé dans les allées à la Villa Medicis

Scène de vie à la Villa Medicis, voiture traversant groupe de visiteurs ...
Pas la peine de commenter ces photographies ....  en général, le jardinier "gueule" après les voitures et il a raison, j'en ai même connu un qui crevait les pneus (pas moi mais ... ) ... Rouler en voiture dans un jardin c'est toucher le fond de l'inculture, de l'ignorance, de l’analphabétisme, de illettrisme etc. etc. ... 

jeudi 7 février 2013

Un jardinier ...

Des sources et des filets d’une eau toujours limpide y favorisent la culture des céréales, des fruits et des légumes. Dans toutes les Oasis, les longs stipes des cocotiers, des doums et des avoîras, couronnés par de vastes parasols, y versent une ombre salutaire sur les troupeaux, qui paissent une herbe fine et succulente ; là l’industrie rurale a rencontré un sol sans cesse prêt à la payer de ses sueurs ; aussi est-elle parvenue à fixer une inépuisable fertilité.

(F.-E.Guérin - Dictionnaire pittoresque d’histoire naturelle et des phénomènes de la nature, Paris, 1838 )

Le Jardinier

détail de la gravure « Le Jardinier » Description de l’Égypte. 
Je me souviens d'une discussion avec Mohamed El Faiz sur le réseau hydraulique du domaine Royal de l'Agdal ... Notamment sur la manière de diviser  les parcelles de culture en cas de sécheresse ... Pour qui n'a jamais pratiqué c'est un mystère ... guider l'eau à l'aide d'une houe, regarder se remplir les sillons, les goulottes, les khettara ... refermer, ouvrir, regarder l'eau à nouveau ... est un plaisir bien difficile à décrire ...

lundi 4 février 2013

Calendrier du Bon Jardinier de 1947 : février

Rappel : Chaque début de mois je  publie le très attachant Calendrier du Bon Jardinier de 1947 en essayant d'apporter quelques commentaires ou explications.  N'oubliez pas que pour comprendre et exercer le métier de jardinier, il faut se poser seulement deux questions : "Qu'est-ce qu'un jardin ?" "Qu'est-ce que mon jardin ?" ... le Calendrier du Bon Jardinier de 1947 est très attachant certes, mais a ses limites ... à la question "quand doit-on jardiner?" le calendrier d'entretien répond ... Jamais il ne répond à la question "Comment doit-on jardiner son jardin ?" Ce qui suit est un regard sur cet outil, prenez ce qui vous intéresse ... le reste est de la culture hortésienne ... 
Bonne lecture et prudence ...


Le Calendrier du Bon Jardinier de 1947 est signé Eugène Laumonnier et Maurice Marcel 

Dans l'ensemble février peut être considéré encore comme un mois froid; mais souvent avec de belles journées ensoleillées. Le bourgeonnement des espèces printanières se manifeste dans les jardins abrités. L'arboriculteur observera avec soin le premier mouvement de la sève sur le Poirier qui se manifeste par la décurtation des lambourdes. Les boutons à fruits changent très rapidement de couleur en abandonnant leurs écailles extérieures. D'une couleur bistre foncée ces productions fruitières prennent une teinte ocre claire. Le Poirier Doyenné d'hiver en espalier est la première variété qui présente cette phase végétative, c'est ici l'avant-printemps de l'arboriculteur.
Décurtation : Évolution printanière des boutons à fruit.
Potager
Travaux généraux.
Achever les gros labours et fumures. Terminer la préparation des côtières et ados. Dernière collecte et préparation des matériaux pour les cultures sur couches. Surveiller le plant de Pommes de terre, traitement insecticide et enlever les mauvais plants (malades et dégénérés).
Semis en pleine terre
Dans la dernière décade du mois, en terre légère, semis en côtière de Pois hâtifs à grains ronds (semis échelonnés). Plantation d'Ail et d'Échalote. Repiquage sous cloche en côtière du Midi ou sur ados abrités de Laitues et Romaines (3 Laitues et 1 Romaine sous chaque cloche), on contre-plante d'une ligne de Choux-fleurs entre les cloches.
Gusstave Caillebotte, Les jardiniers, 1877 (rangée de cloches en aération)
Sous cloche : Les cloches ne servent pas uniquement à faire joli dans une maison de campagne, c'est un véritable outil de jardin créant un micro climat et très pratique d'utilisation.
Semis sur couches
Sur couches tièdes : Céleri à côtes et Céleri Rave, Choux d'été, Choux-fleurs tendres et demi-durs, Tétragone cornue (en pots).
Sur couches chaudes : Chicorées frisées (doivent être levées en 36 heures), Melons, Concombres; pour la culture de saison, Aubergine et Tomates hâtives. Dernière plantation sur couche de Pommes de terre germées. Mise en végétation sur couche chaude dans le sable des tubercules de Patates douces. Gobetage et arrosage des meules à Champignons. Désinfection au sulfate de cuivre des Cressonnières envahies par la « Mousse ».
Gobetage : Dans la culture des champignons de couche, action de couvrir d'un mélange de tourbe et de sédiments calcaires la surface d'un substrat où s'est déjà développé le mycélium. ( larousse)
Forçage.
Pinçage et ébourgeonnage des Vignes et des Pêchers de1re  et 2e saison. Taille des jeunes Pêchers (culture hâtée). Mise en végétation des 2e et 3e saisons de Vignes et Pêchers. Taille des Vignes de culture retardée. Étêtage et plantation des Melons (1re saison au fumier). Deuxième taille des Melons de 1re saison. Fécondation artificielle par beau temps de toutes les plantes forcées. Continuation du forçage en bâches chauffées des Haricots, Concombres, Asperges blanches et vertes. Pinçage et tuteurage de la 1re saison de Tomates en pots. Fumigation à la nicotine dans les serres de forçage. Active la fructification des variétés tardives d'Ananas. Préparation de mélanges terreux pour les rempotages des cultures (arbres fruitiers, Fraisiers, Ananas, Melons).
Fruitier et verger.
 Le phénomène de la décurtation indique à l'arboriculteur qu'il doit terminer le plus tôt possible les plantations fruitières; activer les traitements d'hiver et la taille des arbres à pépins et à noyaux. Vers la fin du mois, taille de la Vigne. Pose des auvents et toiles contre les gelées printanières. Labour au trident au pied des arbres de verger et de prés-verger.
Au fruitier, à chaque visite veiller à la température (4 à 6°) et au degré hygrométrique (70 à 80).
Dans la chambre à raisin, ciselage des grains avariés, remplissage des bouteilles à l'eau de pluieBrûler un peu de soufre après chaque visite en cas de temps doux et pluvieux.

Remplissage des bouteilles à l'eau de pluie.  ???? ... si quelqu'un sait !

Pépinières.
Continuer les plantations de Cognassiers, Pommiers porte-greffe, Cerisiers et Pruniers. Bouturage en pleine terre de Groseilliers et Cassissiers. Mise en place des boutures-plançons d'Osier à palisser. Confection et mise en place d'auvents (2 m. X 1 m.) pour préserver les écussons de Pêchers. Après les gros transports, remise en état des chemins, ponceaux, aqueducs, etc.
Boutures-plançons d'Osier Bouture constituée par une grasse branche d’arbre dont on a supprimé les ramifications (Saule, Peuplier) Par extension, s’applique à tout fragment du végétal destinée à la multiplication (BJ 1947)
Ecussons de Pêchers : L'auteur parle des greffes en écusson de pêcher...
Greffe en écusson ( BJ 1947)
Jardin d'agrément.
Travaux de pleine terre
Les arbres et arbustes doivent être nettoyés de leur bois mort, des branches nuisibles ou mal placées. Les arbustes à fleurs doivent être taillés à l'exception de ceux fleurissant sur le bois de l'année précédente. Ce travail terminé, les bosquets et massifs sont labourés de préférence à la fourche à bêcher afin de ne pas couper les racines. De la terre de bruyère sera rapportée sur les massifs d'Azalées rustiques, de Rhododendrons.
Doivent être taillés : je ferai un autre jour un chapitre sur la taille des arbustes ... mais je rappelle qu'en aucune manière le jardinier est obligé de tailler les arbustes à fleurs ... le "doivent" est de trop 
les bosquets et massifs sont labourés : Je ne sais pas si vous avez le parc de Compiègne en tête ... Les Bosquets du Petit Parc étaient labourés ...  Je n'ai jamais pu me positionner ... Labourer ou ne pas labourer ? On sait que ce n'est pas utile et qu'il vaut mieux garder un sol forestier, le labour étant un traumatisme pour les végétaux ... Certes ... Mais j'aime bien un massif d'arbustes labouré, je trouve ça beau, je trouve ça joliment artificiel ... 
Les bordures de gazons seront découpées, les allées du jardin remises en état. Dans les massifs de plantes bisannuelles : Pensées, Pâquerettes, Myosotis, il y a lieu de remplacer avec mottes, les pieds détruits par le froid; si la plantation n'a pas été faite en automne elle peut être faite en fin de mois.
Les gazons envahis par la mousse recevront une application de sulfate de fer neige, suivie d'un râtelage au râteau de fer.
 Les bordures de gazons seront découpées, les allées du jardin remises en état : un grand moment dans l'année du jardinier et pourtant de moins en moins pratiqué... les découpes, j'en ai parlé, sont souvent mal remplacées par des voliges horribles ... la remise en état des allées est ce qu'on appelle le sablage ... opération qui consiste, comme ne l'indique pas le nom, à recharger les allées de cailloux, gravier mais aussi de sable ... J'ajouterai que le ratissage régulier est obligatoire pour l'entretien des allées ... le seul élément inutile est le désherbant chimique ou bio ... il n'entretient en aucune façon l'allée ... c'est un agent de propreté ...  et la propreté est un ennemi du jardin bien plus dangereux que le Graphium ulmi ou le chancre coloré ...
Sulfate de fer : laissez tomber ça ne marche pas ... seule une amélioration du sol est efficace ... aération sablage scarification ...
Vers la fin du mois, si le temps est beau, de nombreuses plantes annuelles peuvent être semées en pleine terre, parmi lesquelles : Adonis, Belle de jour, Centaurée bleuet, Clarkia, Coreopsis, Gilia, Giroflée quarantaine, Julienne de Mahon, Nemophile, Souci, Thlaspi, etc. ...
Les bordures de Buis, Lavande, Œillets mignardises, Violettes peuvent être refaites.

Giroflée quarantaine  - Matthiola incana
Chassis. 
Le jardin d'agrément nécessite quelques couches pour avancer le semis de certaines plantes annuelles afin de profiter de leur floraison dès la plantation des massifs estivaux, vers fin mai. Puis pour repiquer ou y enterrer en godets, des semis ou boutures faites en serre.
Sous châssis froids, semer en godets quelques plantes supportant mal la transplantation (Pavots, Coquelicots, Pied d'alouette) ou craignant les insectes ou les intempéries en pleine terre (Réséda).
Chassis, Audot 1839
Serres et orangeries 
Les soins indiqués en janvier se continuent, le soleil étant déjà plus vif, l'humidité et la pourriture sont moins à craindre, mais les insectes nuisibles font leur apparition : il y a lieu de les combattre sévèrement.
L'aération sera faite chaque fois que le temps le permettra ; des bassinages ainsi que l'arrosage des sentiers entretiendront l'humidité atmosphérique en serre chaude.
Les boutures de plantes molles seront continuées ainsi que celles de Chrysanthèmes.
Aux semis de Begonia et de Gloxinia s'ajouteront ceux de plantes à massifs dont les Petunia, Pyrèthres à bordures et autres plantes cultivées comme annuelles. Les semis faits en janvier nécessiteront un premier repiquage.
Les tubercules de BegoniaGloxinia, les rhizomes de Canna seront mis en végétation. Les rempotages continueront en serres chaudes et tempérées.

(Eugène Laumonier et Maurice Marcel, Le Bon Jardinier, 1947)


Orangerie anglaise, Audot 1839



vendredi 1 février 2013

Festival du court métrage de Clermont-Ferrand ...

Je hais les acteurs !
(Ben Hecht, Je hais les acteurs,  1944)

La compétition internationale est un moment rare, un instant magique où tous les horizons se croisent. Chefs-d’œuvre de l’animation, documentaires, comédies, réalités contemporaines, films de genre, travaux de fin d’études des meilleures écoles du monde vous entraînent vers des univers dont seule la jeune création cinématographique a le secret. Laissez-vous aller, dépaysement assuré.