vendredi 29 mars 2013

Bussy-Fontaines, l'Hypertopos ...5

Je vous ai déjà prévenu que le principe fondamental de la nature, ainsi que l'effet pittoresque, consiste dans l'unité de l'ensemble et la liaison des rapports. Ce n'est donc pas assez de vous avoir indiqué votre véritable point d'appui pour la formation de votre plan général, et la manière de le rapporter sur le terrain; je dois vous faire observer encore la nécessité de la liaison avec tous les objets qui, dès qu'ils font partie du même aspect, doivent nécessairement concourir à former l'unité de votre ensemble et la convenance de tous ses rapports.
(René-Louis de Girardin, De la composition des paysages, ou des moyens d’embellir la nature autour des habitations en joignant l’agréable à l’utile. 1775)
Les portes de Bussy-Fontaines à la fois pratiques et tellement mystérieuses

Les portes ... 
Le temps passe à Bussy-Fontaine et la hiérarchie des espaces liée à cette organisation est accentuée par l'installation de portes. Il semblerait que nous sommes dans une vision 18e siècle de l'espace. Chaque porte correspondant à une étape vers un autre lieu. On notera l'effet particulièrement esthétique de celle installée à l'orée du bosquet situé au bout d'une allée d'eau.  Ici,  le passage d'un monde à l'autre est bien mystérieusement symbolisé... 

mercredi 27 mars 2013

Bussy-Fontaines, l'Hypertopos ... 4

Pour bien entendre la propriété de la terre, la recherche des facultés du ciel sous lequel vous habitez est du tout nécessaire. Sans cette correspondance en vain on labourerait. Car quel fruit peut apporter la terre sans le bénéfice du ciel ? Ce sont les climats qui par influences céleste donnent loi à la terre, a laquelle on ne doit s'affectionner faire porter autre chose que ce qu'ils lui permettent, si on en veut avoir profit. Car pour le plaisir, on renverse, par manière de dire, l'ordre de la nature. Mais cela appartient particulièrement aux rois , princes et grands seigneurs, que de contraindre la terre, posée sous aer froid et porter des cannes-de-sucre, des oranges, limons, citrons, ponciles, poivres , olives , et autres matières propres ès climats méridionaux: comme en plusieurs endroits de la France, en diverses grandes maisons telles magnifiques beautés se voient avec merveille.
(Olivier de Serres, Théâtre d'agriculture et mesnage des champs;1600)
A droite, eau de source, à gauche les douves et la nappe phréatique... en rouge le sol forestier

Au fond à droite les douves, à gauche nappe phéatique et en rouge le sol forestier

le système de fermeture de Bussy-Fontaines : murs, canaux et douves.

Un jardin, c'est une composition, des techniques une économie et des usages. Ces objectifs liés à la maitrise de l'eau font le jardin de Bussy-Fontaines ... L'assainissement des sols se traduit par la construction de canaux réguliers qui dessinent le jardin. Cela se traduit également par un modelé des sols particulier entrainant à la fois l'eau de pluie vers les canaux et les douves. Le rehaussement du niveau du sol des parties boisées par rapport à la nappe phréatique permet la sylviculture en milieu sain. 
L'organisation défensive du jardin est constituée de canaux et de murs. On notera que les murs ont également un rôle climatique, il est intéressant ici de constater qu'ils sont à l'Ouest et protègent les carrés en ile des vents dominants. Ce type de combinaison n'est pas banal en jardin. Nous remarquerons aussi que le jardin à proximité du château est une alternance de murs, de fossés et de canaux faisant fermeture.

lundi 25 mars 2013

Bussy-Fontaines, l'Hypertopos ... 3

Depuis cette cloison jusques sur le bord de la rivière, le cham est semé de menue verdure, mêlée de toutes herbes médicinales, comme ache de toutes espèces, absinthe romain et commun, énule, aristoloche longue et ronde, mandragore, clymenum ou liset, mélilot, fumeterre, chélidoine, sumac, bétoine, calaminthe, livèche, hippéricon ou millepertuis, morelle, pivoine et autres simples. Pareillement de toutes celles qui servent à manger, à savoir choux, laitues, épinards, oseille, roquette, chervis, pastenades, asperges, artichauts, cerfeuil, raponcles, pois, fèves, pourprier, pimprenelle, anis, melons, courges, concombres, chicorée, cresson et semblables, avec toutes manières d'oiseaux, comme merles, alouettes, chardonnerets, linottes, calandres, passe solitaires, pinsons, perdrix, cailles, grives.
(Francesco Colonna, Le Songe de Poliphile, 1499)
L'étang à droite des platanes plantés du temps de Louis XV ... nous dit-on

L'étang maintenant asséché et devenu une friche ...
Entre moi et le château nous avons : une allée, une plantation de platanes, un canal, une digue, un étang, une digue, un canal, une allée digue, des douves en eau et enfin le château
Plan général de Bussy-Fontaines, en couleur le carré en ile /étang
Les formes de Carrés en ile de Bussy-Fontaines

La structure du carré en ile reste toujours visible aujourd'hui ... Dans le jargon "jardin historique" on appelle ça des traces, des permanences ... probablement une des plus belles. 
Le carré en ile / étang bordé de Platanes.
Le carré en ile de forme quelconque est maintenant un étang asséché bordé de Platanes. In situ, on distingue très nettement encore une digue séparant le canal de l'étang. Cela confirme l'organisation visible sur le cadastre napoléonien. Olivier de Serre dans son ouvrage, Théâtre d'agriculture et mesnage des champs, (1600), conseille, quand le terrain le permet, une utilisation mixte des carrés en ile. Il propose un système très rentable de rotation par cycle alternant pisciculture et agriculture. La période en eau ayant une double fonction. Élevage de poisson et fertilisation du sol par dépôt de vase. La forme de ce carré est également surprenante, elle s'apparente à la forme primitive dessinée par les douves autour du château. Il serait pertinent de pousser les recherches historiques dans ce sens et d'essayer de déterminer si ce n'est pas une forme ancienne, voire une des toutes premières formes de carré en ile. En analysant le plan cadastre et le terrain on observe également que les angles et les droites de ce carré sont en relation avec le carré en ile rectangle et le carré en ile régulier. Dans ce cas précis on peut se demander si ce carré en ile quelconque n’aurait pas été remanié lors de la création des autres carrés. 
Mais on peut également supposer tout à fait le contraire ... en effet avec l'apparition d'une plantation de platanes au 18e siècle, il peut très bien s'agir d'une forme tardive aux allures paysagères ... Dans ce cas une question demeure : pourquoi a t-on gardé le canal autour de l'étang ? Beaucoup de questions restent sans réponse ... ce qui n'est pas pour nous déplaire ... (A suivre)

jeudi 21 mars 2013

Bussy-Fontaines, l'Hypertopos ... 2

Il existe des espaces dont l'utilité ou le fruit sont minimes. Créés pour l'agrément, ils ne sont guère cultivés et, par conséquent, ne peuvent être ramenés à aucune des terres de culture dont on a parlé plus haut. Ces espaces sont appelés vergers. Comme ils sont préparés surtout pour l'agrément de deux sens, la vue et l'odorat, on y a supprimé avant tout ce qui est favorable à la culture. La vue, en effet, ne se restaure jamais aussi agréablement qu'au spectacle d'une herbe délicate, fine, courte, qui ne peut venir que dans un sol maigre et dur. Il convient donc que l'espace prévu pour un verger soit d'abord bien débarrassé des racines indésirables, résultat difficile qui ne s'obtient qu'à deux conditions : dès que les racines sont déterrées, aplanir parfaitement l'emplacement et y répandre énergiquement de l'eau très chaude, pour que les racines et les graines qui restent cachées soient absolument hors d'état de germer. On remplira ensuite tout cet espace de gazon maigre à graine fine. Les mottes de gazon elles-mêmes seront frappées au moyen de larges maillets de bois, les touffes d'herbe seront foulées au pied sur le sol, jusqu'à ce qu'elles disparaissent ou, du moins, soient à peine visibles. Elles sortiront alors progressivement sous une forme fine et couvriront la surface comme une couverture verte. Il faut veiller à ce que la surface du gazon soit d'une dimension assez grande pour qu'au-delà on puisse planter en carré, dans le périmètre, des herbes aromatiques de toute sorte comme la rue, la sauge, le basilic et, également, des fleurs en tout genre comme la violette, l'ancolie, le lis, la rose, le glaïeul, etc. Entre ces herbes et le gazon, il y aura, tout au bord, en carré, et plus élevée, une autre étendue de gazon fleuri et agréable, arrangée comme une sorte de banquette, permettant aux sens de se restaurer et aux gens de s'asseoir pour se reposer agréablement. Dans le gazon situé près de l'allée, il convient de planter des arbres, ou de faire pousser des vignes dont le feuillage, constituant comme une protection, assurera à ce gazon une ombre agréable et rafraîchissante. De ces arbres on attend plus d'ombre que de fruit, aussi on ne prendra pas trop soin du trou à creuser ou de la stabilité de la plantation, car cela fait Grand tort au gazon. Il faut veiller à ce que ces arbres ne soient pas trop touffus ou trop nombreux, car l'absence de courant d'air pourrait compromettre leur bonne santé. Un verger exige donc air libre et ombre. Autre point à considérer : il faut éviter les arbres amers, dont l'ombre engendre des maladies, comme c'est le cas du noyer et de certains autres. Il faut des arbres doux, aux fleurs aromatiques et à l'ombre plaisante : vignes, poiriers, pommiers, grenadiers, lauriers, cyprès, etc. Au-delà du gazon, on aura une grande variété d'herbes médicinales et aromatiques. Elles charmeront l'odorat par leur parfum, et aussi restaureront la vue par la variété de leurs fleurs, suscitant l'admiration chez ceux qui les verront par leur extrême variété. On y introduira notamment, en plusieurs endroits, la rue, à la fois parce qu'elle est d'un beau vert, et parce que, grâce à son amertume, elle fait fuir les animaux vénéneux hors du jardin. Au milieu du gazon, en revanche, qu'il n'y ait pas d'arbres, mais que cette étendue jouisse d'un air libre et pur, car cet air est le plus sain. De plus, s'il y avait des arbres plantés au beau milieu du gazon, des toiles d'araignée allant d'une branche d'arbre à une autre gêneraient ceux qui traversent et imprégneraient leurs visages. Si c'est possible, une source très pure, recueillie par un bassin de pierre, coulera au milieu, car cette pureté procure beaucoup d'agrément. D'autre part, le jardin sera ouvert du côté de l'Aquilon et du vent d'Orient, en raison de la salubrité et de la pureté de ces vents. En revanche, il sera clos du côté des vents opposés, c'est-à-dire ceux du midi et du couchant, car ces vents sont perturbés, impurs, débilitants. En effet, bien que le vent d'Aquilon empêche les fruits de venir, il conserve admirablement les esprits animaux et protège la santé. Dans un verger, en effet, on recherche l'agrément, non le fruit.
(Albert le Grand, La plantation des vergers, XIIIe siècle)
La source au débit constant alimentant les canaux de Bussy-Fontaines  
Le canal séparant deux carrés en ile


Le Domaine de Bussy-Fontaines (d'après le cadastre napoléonien de 1822)

L'espace :
Le domaine de Bussy-Fontaines est constitué d'un château, des communs, un jardin. Le château est accompagné d'un petit jardin de style 19e. L'ensemble est entouré de douves en eau. Le jardin extérieur est composé de quatre carrés en ile, d'un ancien verger et d'une ancienne vigne clos de mur, de bosquets. L'ensemble est organisé par un cheminement de canaux en eau. L’accès principal au domaine se fait par l'entrée nord par une grande allée tracé au 19e siècle. Une porte au sud correspondrait à l'entrée historique du domaine. L'ensemble du domaine est également ponctué par une série de porte que l'on franchit pour pénétrer un espace clairement défini. L'eau est de deux sortes : les douves situées sur le bassin versant mettent à jour la nappe phréatique. Les canaux sont quant à eux alimentés par une source au débit constant. (à suivre ...)

lundi 18 mars 2013

Bussy-Fontaines, l'Hypertopos ...

Suivant les exemples antiques et modernes, nous nous accommoderons de jardinages ainsi qu'il appartient, observant les règles suivantes. Que le lieu que désirons convertir en jardinage soit prochain de la maison, tant pour le plaisir que le profit, n'étant ni l'un ni l'autre tels qu'on les désire, s'ils en sont éloignés. En telle proximité, cette seule incommodité se trouve, que les poulailles les dégâtent fort : mais aussi est-il aisé à remédier à cela, puisqu'autre mystère n'y est requis que d'en chasser cet importun bétail, en l'effarouchant rudement.
(Olivier de Serres, Théâtre d'agriculture et mesnage des champs;1600)

Le domaine Bussy-Fontaines dans toute sa beauté ... et sa complexité
D'après François Christian Corvisier, un rare pont-levis piéton avec deux piliers à bossages et petit  arc segmentaire (écroulé) couvrant la porte et portant au repos la flèche en position ouverte ,ce genre d’aménagement n’a plus cours après la fin de la Fronde (~1650) 
Passerelle du 19e, pont-levis, portes, douves, source, carrés en ile, Magnolia, Pin ... 
Le carré en ile avec un Magnolia au centre et le paysage au loin
Du carré en ile : les quatre immenses platanes encadrant une porte et le magnolia
Le Magnolia
A ma connaissance, aucune recherche n'a encore été réalisée sur Bussy-Fontaines ... Ne me demandez pas ou il se trouve, c'est un endroit secret ... Je vous livre aujourd'hui et les jours prochains mes impressions d'une visite mémorable en émotion et en rêverie ... on dit souvent que les jardins de la Renaissance ont disparu ... je n'en suis pas si certain ... (à suivre ...)


jeudi 14 mars 2013

A Champs, ça ne marche pas, mais on le sait ...

Les modifications apportées par les sociétés humaines aux équilibres naturels ont varié selon les époques et selon les régions. En gros, nous pouvons admettre que l'humanité est passée par les étapes suivantes (d'après P. Dansereau et W. Sassin) :

— découverte de l'instrument, pratique de la cueillette, de la chasse, de la pêche. Paléolithique I.s.  (consommation individuelle d'énergie : environ 5 thermies par jour (5000 grandes calories par jour)).

— domestication des animaux : stade pastoral plus ou moins nomade (énergie consommée : environ 8 à 10 th/jour) Paléolithique supérieur et Néolithique; (Energie consommée : environ 8 à 10 thermies/jour)

— invention de l'agriculture, sédentarisation et structuration des sociétés rurales  du Néolithique au xvii' siècle en Occident; (Énergie consommée: 12 à 25 thermies/jour)

— invention de l'industrie, développement des techniques, urbanisation, 18e et 19 siècles en Occident; (Énergie consommée: 70 à 80 thermies/jour)

— révolution cybernétique : l'homme modifie les équilibres planétaires et pénètre dans le cosmos, depuis 1968. (Énergie consommée: 220 thermies/jour)
Il est intéressant de noter que le préhistorien G. Camps considère que le stade n° 1, exigeant très peu de travail, est resté dans l'inconscient des hommes comme l'âge d'or. Le stade n° 3, et peut-être le 2, impliquent en revanche les durs travaux des champs et, par suite de la concurrence pour la terre cultivable, l'apparition de la guerre. Le péché originel et la malédiction divine se situeraient donc au Mésolithique... (Lameyre).
Il est presque inutile de rappeler que certains peuples ont sauté des étapes, et que les diverses régions du globe ne sont pas arrivées actuellement au même point de l'évolution : les paysages portent autant la marque des sociétés que les traits de leur nature initiale (donc comment se passer de l'histoire ?)
La question se pose alors de déterminer à quel niveau d'intervention anthropique le milieu cesse d'être naturel. Question redoutable... Nous répondrons qu'un milieu géographique est encore naturel lorsque les écosystèmes holocènes (7000 ans environ) y jouent encore le rôle principal, organiquement et statistiquement. Au stade de la cueillette et au stade pastoral, pas de problème, le milieu n'est modifié que superficiellement. Au stade agricole, deux échelons sont à envisager. Ou bien les sociétés rurales restent frustes, c'est-à-dire qu'elles cultivent les espèces locales ou acclimatées, pratiquent des restitutions simples (cendres, fumier), utilisent des mécaniques non polluantes, construisent leurs habitations en matériaux naturels, et conservent des contacts avec le milieu brut par la chasse et la cueillette : le milieu « naturel » (il faut désormais user de guillemets) reste reconnaissable. Exemples : les campagnes européennes du 18e siècle, les terroirs africains actuels traditionnels. De l'écosystème on est passé à l'agrosystème : le paysage n'est que retouché. Ou bien les hommes cultivent des hybrides issus de manipulations génétiques, utilisent des techniques raffinées grosses consommatrices d'énergie, soustraient leurs cultures aux aléas du climat : bref vivent d'agribusiness et non plus d'agriculture : le milieu n'est plus naturel, même avec des guillemets. Exemple : les monocultures céréalières des Grandes Plaines américaines, le vignoble du Bordelais. Le paysage est construit, au même titre qu'une ville ou une usine. La limite entre ces deux milieux pourrait se situer vers une consommation énergétique d'une vingtaine de thermies/jour, par habitant et ce quelle que soit la densité humaine.
En conclusion, l'écosystème des naturalistes reste à la base du milieu géographique naturel tel que nous le concevons. Mais, d'une part, il faut y majorer le rôle du biotope et encore plus le rôle des sociétés humaines ; d'autre part, il est possible de considérer qu'un milieu peut être encore qualifié de « naturel » jusqu'à un certain degré d'anthropisation.
(Jean Demangeot, L'homme dans le milieu naturel,1994)



On a souvent le don de mélanger les choses … jardin et Nature, biodiversité et gestion différenciée, développement durable et Zérophyto … etc. L’installation de gestion différenciée dans les jardins semble toujours être la bonne idée … Il y a un petit mensonge derrière qui tend à faire croire qu’une prairie fauchée une fois par an est une installation de biodiversité … On en reparlera … Dans un jardin, si l’on veut installer une gestion différenciée, le premier élément à prendre en compte est comme toujours, ... le jardin … Prenons l’exemple de Champs-sur-Marne … (C’est fou, quand on a besoin d’un exemple c’est Champs … Champs est et sera toujours le bon exemple) ... A Champs, je vous en avais parlé ... le régulier et l'irrégulier s'articulent merveilleusement … Les pariries irrégulières sont fauchées une fois par an ... Mais quand l'herbe est haute, la lecture est altérée (voir photographies)...  La question du jour est donc : Peut-on appliquer une gestion différenciée des prairies à Champs sachant que quand l'herbe est haute, la lecture du jardin est altérée ? Vous connaissez ma position .... Le jardin avant tout ... Si je suis ma logique, je suis pour une fauche tous les 15 jours (Déjà, Jean-Luc Dargent, le jardinier en chef prend sa plume ou son clavier pour me dire ses quatre vérités) Mais non !!! pas besoin !!! Jean-Luc a raison d'appliquer cette gestion … Elle est avant tout économique … De août à mai/juin la lecture fonctionne, ensuite l’articulation se ferme ... offrant tout de même autre chose … Mais cette gestion est tout à fait acceptable uniquement pour une seule raison : Jean-Luc Dargent sait exactement ce qu'il fait et rien n'est dû à de l’ignorance …

lundi 11 mars 2013

Calendrier du Bon Jardinier de 1947 : mars ...

Le Calendrier du Bon Jardinier de 1947 est signé Eugène Laumonnier et Maurice Marcel 


La première période du printemps s'annonce en mars par le début de la feuillaison du Marronnier d'Inde, du Bouleau et du Tilleul. Les arbres fruitiers eux-mêmes concourent à cette annonce par la floraison de l'Abricotier dans la deuxième décade et celle du Pêcher de plein vent à la fin du mois. On remarque souvent dès les premières fleurs des Pâquerettes la sortie des adultes de Doryphore dans les anciens champs de Pommes de terre. On profitera de ces sorties hâtives pour les détruire par le ramassage.


Potager.
TRAVAUX GÉNÉRAUX. - Réfection des bordures de plantes condimentaires et aromatiques. Plantation de l'Ail, Échalote, Oignons grelots. Dernière plantation de filets racinés de Fraisiers. Plantation des griffes d'Asperge en vue de la culture de l'Asperge blanche et verte. Débuter les Artichauts, labour et fumure du carré. Début de l'œilletonnage des Artichauts dans les sols légers et abrités. Préparation de fumiers pour les cultures de Champignons. Vers la mi-mars buttage des Asperges, brûler les tiges desséchées.

SEMIS EN PLEINE TERRE. — Les mêmes qu'en février, en plus Betteraves rondes, variétés hâtives, Carottes demi-longues en planches ou en côtières de l'Est. A la floraison du Prunellier (Prunus spinosa Linné) début de la plantation de Pommes de terre variétés hâtives dans une planche pouvant être abritée contre les gelées blanches. Semis en côtière de Navets hâtifs. Semis en terrain bien plombé des Oignons de couleurs pour la conservation hivernale. Plantation des Ignames sur ados. Troisième semis de Poireaux pour l'automne. Semis sous cloche à froid de Choux pommés d'été.

Igname de Chine Dioscorea batatas

(A propos d'Igname, lire l'article d'André Itéanu "Le potager papou ou comment faire pousser les relations" 2011) (lien)

SEMIS SUR COUCHE. — Sur couche tiède Choux-fleurs demi-durs et durs, Céleris, Laitues, Romaines, Scaroles, Courges, Giraumons et Potirons. Vers la mi-mars semis de Tomates pour la culture de saison; repiquer le plant sur couche dès le développement des cotylédons. Semis sous châssis froids en côtière du Midi, d'une première saison de Haricots verts en culture hâtée. Sur couche chaude : Melons, Aubergines, Piments. Bouturage des Patates douces.

Forçage.
— Taille et décorticage des Vignes de culture hâtée. Pincement de la ire saison et palissage de la 2e saison de Vigne. Ébourgeonnage des Pêchers de 2e et 3e saison. Fumigations à la nicotine dans les serres à Pêchers. Dans la première décade rentrée de la dernière série d'arbres fruitiers en pots et Fraisiers. Triage, fécondation et tuteurage des hampes florales des Fraisiers forcés. Montage de couches à Melons. Remaniage des réchauds des premières saisons. Taille et paillage des Melons. Taille, palissage et fécondation des Tomates forcées. Arrosage à l'engrais liquide des cultures en pots. Fin de la culture forcée des Asperges vertes et blanches. Montage d'une couche chaude pour la mise en pleine terre des œilletons d'Ananas multipliés en septembre, ombrage léger pour favoriser la reprise. Augmenter graduellement les arrosages et les bassinages dans la bâche de fructification; favoriser la végétation des variétés tardives par une augmentation de la température de 3 ou 4 degrés. En mars surveiller attentivement la direction du vent et l'état du ciel pour régler l'aération et l'ombrage des cultures sous verre.

Fruitier et verger.
— Terminer la taille des arbres fruitiers à pépins et de la Vigne. Déterrer et tailler les Figuiers. Tailler les Pêchers aussitôt que la sève se met en mouvement. Abriter par des toiles les espaliers de Pêchers, Abricotiers et Cerisiers. Terminer les labours, fumures et traitements anticryptogamiques. Visites fréquentes au fruitier pour y enlever les fruits aussitôt la maturité. Ciselage et nettoyage des grappes de raisins conservées en chambre.
Pépinières. 

— Continuer la plantation des plants Pommiers porte-greffe. Plantation de scions de Poiriers pour formation de fuseaux et de palmettes. Taille de formation d'arbres fruitiers. Transplantation d'arbres formés. Empotages de Pêchers pour cultures forcées. Greffage en fente et en couronne. Mise en pépinières de boutures de Vignes, Groseilliers, Cassissiers. Rempotage des boutures de Vignes faites à chaud en janvier. Terminer les labours des carrés et des oseraies.

Jardin d'agrément.
— TRAVAUX DE PLEINE TERRE. — A la fin du mois, les labours doivent être terminés de même que toutes les plantations d'arbres, d'arbustes et de plantes grimpantes à feuilles caduques, celles d'arbres verts et résineux pourront ne se terminer qu'en avril. Mars est le meilleur mois pour planter ou diviser les plantes vivaces à l'exception toutefois de celles à floraison printanière. Les nouvelles pelouses pourront être semées, vers les derniers jours du mois, la remise en état des vieux gazons se fera à la même époque.
Les semis de plantes annuelles commencés le mois précédent se continueront en pleine terre, à celles déjà citées il y a lieu d'ajouter : Alysse odorant, Collinsia, Cynoglosse à feuille de lin, Eschschollzia, Gypsophile, Julienne de Mahon, Nemophile, Nigelle, Phlox de Drummond, Salpiglossis, Saponaire, Souci, Viscaria, etc...
Les Rosiers remontants seront taillés, un apport d'engrais suivra. Les vieux Rhododendrons dénudés de la base pourront être rabattus sur le vieux bois. Vers la fin du mois si le temps est favorable, découvrir les plantes vivaces et les arbustes délicats qui avaient été protégés du froid.

Les vieux Rhododendrons dénudés de la base pourront être rabattus sur le vieux bois : C'est ce qu'appelait notre ami Antoine Joseph Dézallier D'Argenville "la taille de rajeunissement" Lui la pratiquait surtout sur Ifs, Charmes ou Buis ... le conseil pour ce type taille ... n'hésitez pas à laisser un "squelette", ne laisser que la structure de l'arbuste ... le résultat est bon ... en principe. Des fois, sans savoir pourquoi, la plante se refuse de réiterer ... 

CHASSIS. — Pour profiter plus tôt de la floraison des plantes annuelles, semer sur couche en plus de celles citées le mois dernier : Amarante Crête de coq et à feuillage, Ageratum, Balsamine, Belle de nuit, Capucine, Célosie, Chrysanthème des jardins et à carène, Eccremocarpe, Giroflée quarantaine, Immortelle, Lobelia, Œillet de Chine, Œillet d'Inde, Pétunia, Phlox de Drummond, Reine Marguerite, Salvia, Zinnia, etc...; à défaut de couches ou châssis, semez-les en pleine terre à bonne exposition. Begonia, Canna, Dahlia sont mis en végétation.
Eccremocarpus scaber

SERRES, BACHES ET ORANGERIE. — Le soleil ayant plus de force, le chauffage est diminué, même dans la journée il faudra préserver les jeunes plantes de ses rayons ardents en installant un système d'ombrage mobile de préférence à un badigeonnage des vitres.
Les bassinages du feuillage, l'arrosage des sentiers maintiendront l'humidité atmosphérique qui doit marcher de pair avec la lumière et la chaleur. L'aération est augmentée.
Les boutures de plantes molles et de Chrysanthèmes d'automne sont continuées, celles faites les mois précédents sont transportées en serre tempérée, puis en serre froide afin d'assurer leur aoûtement. Les semis de février seront ou repiqués ou rempotés en les espaçant et au besoin en les pinçant. La température extérieure étant plus clémente, bouturages et semis pourront être faits sur couche, sous châssis ou sous cloches. Vers la fin du mois commencer le rempotage des plantes d'orangerie afin que le travail soit terminé un mois avant de les confier à la pleine terre. Traitements insecticides dans les serres.