vendredi 29 juin 2012

Exit la poésie aussi ...

On ne fait pas un jardin, on le crée. Et comme dans toute création artistique, il s'agit de travailler avec les éléments formes et couleurs, rythme et volume, pleins et vides. D'ailleurs, mon idée de ce que devrait et de ce que pourrait être un jardin, du point de vue esthétique, vient de la peinture abstraite. Dans la peinture abstraite, la mienne tout au moins, la plante se transforme en pure valeur plastique, par la couleur, le tissu, la forme et le volume. Souvent aussi je regarde la plante comme une sculpture, un volume lancé dans l'espace. Pour mieux la comprendre sous cet aspect, il suffit de changer le point d'observation afin de sentir davantage les formes variées des profils.
Cependant, le jardin doit remplir des fonctions autres que purement esthétiques. Au fond, et suivant les architectes modernes, le jardin n'est que la continuation, le prolongement de l'habitation. Il est, en vérité, l'habitation en plein air. Ainsi le jardin forme tout naturellement la transition parfaite de l'architecture à la nature non disciplinée, établissant en même temps une liaison entre l'homme et le paysage environnant par l'emploi des plantes caractéristiques de la région. Car en raison de son caractère de trait d'union entre l'architecture et la nature, d'une part, entre l'homme et la nature, de l'autre, il me semble nécessaire que le jardin corresponde intimement au panorama local.
(Roberto Burle-Marx, Jardins au Brésil, 1947)

Eugène Atget, 1923/24, Le temple de l'amour à travers les arbres - Daniel Quesney, Mirroirs, 2001
Louis-Nicolas de Lespinasse,Vue du Petit Trianon et du Temple de l'Amour, vers 1780
Les notions d'Art et de Nature disparaissent du vocabulaire des jardins … Ces deux photographies résument une autre séparation bien sournoise qui sévit encore et encore : La séparation du bâti et du jardin ...... Ici, à Trianon dans le grand parc de Versailles nous avons une fabrique faisant partie intégrante de la composition au même titre que le paysage, l'eau, le végétal etc. ... sur la photo de Daniel Quesney la fabrique est isolée ... isolée de la composition, isolée du jardin, isolée du paysage ... Seul le monument importe. Je les entends d'ici dire "Nous avons dégagé le Temple de l'Amour, on ne le voyait plus ..." Pour la poésie, la magie du lieu … allez voir ailleurs ... Vous pensez encore une fois que je suis nostalgique … que je suis un "pro-restitution" … pas le moins du monde. Je suis pour le projet, l’évolution et ici il n’y a RIEN … que de l’appauvrissement … Je suis même persuadé que c’est une restitution basée sur un diagnostic encore une fois erroné du type "mettre en valeur la fabrique"… Je ne peux pas le prouver, mais je me souviens, un jour, avoir interrogé "une personne" travaillant sur le parc d’Ermenonville… elle me répondait cette phrase incroyable … "Je travaille uniquement sur les fabriques pas sur le paysage" Comment a-t-elle fait ?

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