(Jacques Boyceau de la Bareaudière, Traité du jardinage selon les raisons de la nature et de l’art,1638)Or tout ainsi que nous choisissons pour notre jardin les arbres jeunes, la tige droite, de belle venue, bien appuyée de racine de tous côtés, et de bonne race : prenons aussi un jeune garçon de bonne nature, de bon esprit, fils d'un bon travailleur, non délicat aussi ayant apparence qu'il aura bonne force de corps avec l'âge, attendant laquelle force nous lui apprendrons à lire et à écrire, à pourtraire et dessiner; car de la pourtraiture dépend la connaissance et jugement des choses belles, et le fondement de toutes les mécaniques; non que j' entende qu'il aille jusques à la peinture, ou sculpture, mais qu'il s'emploie principalement aux particularités qui regardent son art, comme les compartiments, feuillages, moresques et arabesques, et autres, dont sont ordinairement composés les parterres: commençant à profiter en pourtraiture, il faudra monter à la géométrie pour les plants, départements, mesures, et alignement, voire s'il est gentil garçon jusques à l'architecture pour avoir l'intelligence des membres qui font besoin aux corps relevés, et apprendra l'arithmétique pour les supputations des dépenses qui pourront passer par ses mains, afin qu'il ne se trompe, ou ne se laisse tromper quand il sera besoin d'achats et fournitures de plants, ou autres matières. Toutes lesquelles sciences, il faut apprendre en jeunesse, s'il est possible, afin qu'étant en âge suffisant de travailler aux jardins, il commence par la bêche à labourer avec les autres manœuvres, apprenant à bien dresser les terres, plier, redresser, et lier le bois pour les ouvrages de relief: tracer sur terre ses desseins, ou ceux qui lui seront ordonnés, planter, tondre les parterres, et avec la faucille à long manche les palissades, et plusieurs autres particularités qui regardent les embellissements des jardins de plaisir; reste le jardin d'utilité qui provient des fruits et des plantes qui sont mangées, ou il faut non moins d'intelligence et de travail qu'en l' autre, la connaissance de la nature des terres fort différente, y est encore plus nécessaire, celle des fiens* divers, de la différence des climats et des aspects, celle des vents et de la Lune, jusques à pouvoir user de pronostic pour prévoir les temps: il faut avoir la connaissance des plantes, qui est une grande science; savoir leur nature, et la culture qu'elles demandent, les saisons de semer leurs graines, de les avancer, de les transplanter pour les faire croître, retarder et conserver, blanchir et attendrir, et infinies autres particularités encore, qu'il faut que le jardinier sache pour faire et pour enseigner les gens, car tant et tant de choses ne se font pas par un homme seul ...
vendredi 10 février 2012
Des qualités requises au jardinier...
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