La notion de l'existence de la beauté apparaît à la seule comparaison de deux choses inégalement belles ou dont l'une seulement est belle. Dès que celte action se produit sur notre sensibilité, il en résulte un sentiment agréable qui ne doit pas être confondu avec de simples sensations naturelles de plaisir, mais qui est d'un ordre plus élevé; Ce sentiment devient actif quand il incite à la production des belles choses; on sait que la perception soudaine de la beauté a souvent fait naître dans une âme élevée un noble penchant pour les arts.
On n défini le beau « la splendeur du vrai », selon une expression attribuée à Platon. Il serait plus juste de l'appeler, avec M. Lévêque, « une force accomplissant sa loi avec toute sa puissance et tout son ordre ». L'existence de la beauté est à la fois objective et subjective. Toutes les parties de la création ne sont pas parfaites, mais tendent évidemment à un type de perfection qui constitue la beauté. Dieu a créé chaque espèce avec un type de perfection que tons les individus appartenant à cette espèce et engagés clans la « bataille de la vie », ne peuvent atteindre. II y a dans chaque être vivant un idéal qui n'a pas son principe dans notre imagination et qui est doué d'une réalité objective. Cet idéal, c'est l'être dans la plénitude du développement ordonné dont le créateur l'a rendu susceptible. On peut donc dire que l'objet est beau en lui-même, indépendamment des facultés de notre. âme qui peuvent le concevoir.
Mais il faut convenir que nous ne possédons la notion complète du beau que si les objets correspondent à un principe interne de notre intelligence. Dans ce cas la perception et la connaissance du beau deviennent subjectives. Pour pouvoir attribuer aux objets matériels des propriétés intrinsèques de beauté, il faudrait croire en même temps à un sens spécial pour les percevoir. S'il en était ainsi, tous les hommes dans le plein exercice de leurs fonctions physiques et intellectuelles recevraient la même impression de ces objet, de même qu'ils sont également affectés par la lumière et l'obscurité, le froid et le chaud, le blanc et le noir. Or, non-seulement cela n'a pas lieu, mais les mêmes individus peuvent avoir des perceptions différentes ou le même homme sentir diversement suivant le temps, le lieu et sa disposition intérieure.
Le beau existe donc à la fois et essentiellement dans un état objectif, et dans une forme subjective, en ce qu'il n'est goûté que par des intelligences privilégiées.
(Edouard André, Traité général de la composition des parcs et jardins, 1879)
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Je vous parle de ça !!! |
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Champs-sur-Marne - Evolution des bosquets Est de 1700 à 1923 |
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Champs-sur-Marne - 1929 (cl. Compagnie aérienne française)
Les bosquets Est et traces de l'ancien paddock. Notez la voûte à droite créée par la taille en rideau, le contraste entre le quinconce et le groupe d'arbres |
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Champs-sur-Marne 1929 - Les bosquets Est et traces de l'ancien paddock. Notez les groupes d'arbres sur le parterre, les palissades, les entrées d'allées, le parterre art déco que je pensais à tort d'être d'Achille Duchêne (cl. Compagnie aérienne française) |
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Champs-sur-Marne -1919 (cl. Compagnie aérienne française)
- Les bosquets Est et traces de l'ancien paddock. Notez que les palissades ne sont pas encore formées, le parterre Art déco n'existe pas encore. |
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Champs-sur-Marne (carte postale) vers 1940 -L'ancien paddock vu du bassin de Petit Cheval. La voûte à gauche et à droite |
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Champs-sur-Marne (carte postale)- avant 1923, vue depuis l'ancien tennis, groupe d'arbres et corbeilles de fleurs. |
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Champs-sur-Marne - 1970 - Le dernier Tilleul à avoir survécu, mort dans les années 2000 |
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Champs-sur-Marne aujourd'hui - Ce secteur dévasté par la tempête de 1999 : les quelques survivants et la régénération en cours |
Comment ne pas fondre en larmes d'émotion ici ? Si ce n'est pas le cas, vous êtes soit complètement hermétique aux jardins historiques, soit ignare dans l'art du ressenti ...Que s'est-il passé ? les masses d'arbres sont issues du premier jardin, celui de Desgots... Elles ont traversé le 19e siècle paysager et sont conservées dans la composition des Duchêne. Ces masses d'arbres sont à la fois des traces de composition, d'abandon et de conservation ... Ici, c'est tout ce que j'aime dans l'art des jardins : approche sensible de l'homme qui donne son âme au jardin, approche qui respecte le temps passé, approche qui admet ce que le jardin est devenu... Qui a voulu cela ? Duchêne, Destailleur, Louis Cahen d'Anvers ? Le jardinier ? Je ne sais pas ...
Malheureusement ceci n'est plus visible, le temps et la tempête de 1999 ont eu raison de la poésie ... Le jardinier tente désespérément de conserver ce geste en recomposant le temps passé ... L'histoire de ce jardin est vraiment une tragédie ...
à suivre ...