mercredi 30 janvier 2013

New York 3 ...

À New York, tout le monde veut être quelqu'un. Les jeunes veulent être plus vieux, et les vieux veulent être plus jeunes. Les pauvres veulent être riches, et les riches veulent être encore plus riches.
Les Noirs veulent être égaux. Les femmes veulent être égales. Les Portoricains veulent être égaux sans avoir à apprendre une nouvelle langue. Les éboueurs veulent être à égalité avec les autres employés en tenue. Les Juifs qui affirment que leur deuxième prénom est leur nom de famille veulent être supérieurs, alors que les ivrognes qui traînent autour de la 3e Avenue et de East Houston Street veulent être inférieurs.
Le New York Magazine veut être le New Yorker.
Les exclus veulent être dans le coup. Les travelos ne veulent pas être des femmes, ils veulent être des travelos.
Les chauffeurs de taxi veulent être Bobby Unser, et les usagers du métro veulent s'asseoir. Les architectes veulent être des artistes, et les artistes veulent être utiles.
Les prêtres veulent être convaincants, Eric Sevareid et David Susskind veulent être pertinents. Andy Warhol veut être impertinent, et il l'est.
Les lycéens de Staten Island veulent être dégourdis. Les lycéens de Brooklyn veulent être cools. Les lycéens du Queens veulent être funky. Les lycéens de Harlem veulent être les plus méchants. Et les élèves de l'École d'Enseignement Musical et Artistique de Manhattan veulent être Leonard Bernstein.
Leonard Bernstein veut être tout le monde.
La Commission des sites veut être efficace. Les promoteurs immobiliers veulent être manipulés à cent pour cent. Ceux qui n'ont aucun pouvoir veulent être puissants, et les puissants veulent rester discrets.
Les employés de Wall Street veulent être des financiers, les financiers veulent être des bêtes de sexe, les bêtes de sexe veulent être de vrais acteurs, et les vrais acteurs veulent être appelés sur la côte Ouest.
Les flics veulent être des cow-boys. Les cow-boys veulent être des gens raffinés. Les gens raffinés veulent être libéraux. Les libéraux veulent être tenaces. Les gens tenaces veulent avoir des responsabilités. Ceux qui ont des responsabilités veulent des chauffeurs, et les chauffeurs veulent être aux commandes. Tout le monde veut être aux commandes, mais personne n'y réussit.
À New York, tout le monde veut être quelqu'un. De temps à autre, quelqu'un y parvient.
(Donald Westlake, Dancing Aztecs, 1976)
A l'Intrepid Sea-Air-Space Museum, New York.


lundi 28 janvier 2013

Le Baiser de Rodin ...

L'amour qui si vite s'empare d'un cœur tendre, éprit celui-ci du beau corps qui m'a été enlevé ; souvenir qui m'est encore pénible. L'amour qui ne permet point à l'aimé de ne pas aimer, m'éprit pour celui-ci d'une passion si forte que maintenant même, comme tu le vois, elle ne m'abandonne point. L'amour nous conduisit à une même mort
(Dante, La Divine Comédie, 1307)

Le Baiser de Rodin à Matignon
Le même Baiser de Rodin aux Tuileries
Il arrive régulièrement que l'on demande au jardinier s'il a une plante préférée dans son jardin ... un arbre ? un rosier ? etc ... Quand j'étais à Matignon j'avais un préféré ...il était en bronze ...  "Le Baiser" ... de Rodin .... installé bien tardivement cette sculpture de Rodin s'était largement imposée dans le parc ... J'avais un plaisir égoïste à être pour ainsi dire le seul à en profiter, pouvoir le toucher, le nettoyer, le caresser, ... Mais un jour "ils" l'ont emmené... 
Le Premier Ministre a donné son accord de principe au transfert au Jardin des Tuileries du bronze " Le Baiser " de Rodin déposé depuis 1980 dans le parc de l’Hôtel Matignon, afin que le grand public puisse profiter de cette oeuvre majeure du plus célèbre sculpteur français. Cette oeuvre provenant des MNR (Musées Nationaux Récupérations : œuvres récupérées en Allemagne après la seconde guerre mondiale), son installation aux Tuileries pourrait, en outre, permettre plus  facilement à ses éventuels propriétaires de la retrouver et de se faire reconnaître leurs droits légitimes, dans le cas où elle aurait été l’objet d’une spoliation.
(Communiqué du ministère de la culture et de la communicationMise en place de sculptures du 20 e siècle  dans le Jardin des Tuileries, 1998 )

La cause était juste ... c'est évident .... et c'est évident qu'il est bien mieux aux Tuileries, visible par tous ...  Mais à Matignon ce "Baiser" avait quelque chose de mystérieux, de désespéré, de terrifiant tellement passionné ... Aux Tuileries, redevenant une pièce de musée, isolé au milieu de ce courant d'air, le Baiser me parait moins ... Dantesque ...

vendredi 25 janvier 2013

Edward Hopper, this is (presque) the end ...


PETER LUGER BURGER - Pour 4 personnes - Préparation : 45 mn - Cuisson : 25 mn - Repos : 20 min -
1 kg de viande de bœuf (découpée dans le paleron ou le tendre de tranche), 1 cuillerée à soupe de ketchup, 4 pains briochés spécial hamburger, 2 tranches fines de lard fumé, 1 très grosse tomate (cœur de bœuf), un très gros oignon, 4 cuillerées à soupe d'huile de tournesol, sel, poivre.
Découper la viande en petits morceaux et la mixer finement dans un robot avec du sel, du poivre et le ketchup (si possible à l'aide d'un hachoir à viande avec une grille moyenne). Modeler 4 grands steaks dans le creux de la main et les laisser reposer 20 minutes au réfrigérateur.
Tailler la tomate en 4 tranches épaisses. Éplucher et tailler l'oignon en 4 grandes tranches épaisses également. Faire dorer les tranches de pain dans l'huile chaude et les égoutter. Placer le lard fumé dans la poêle pour le dorer également. Le réserver, puis saisir les steaks hachés dans la poêle chaude. Monter les hamburgers en alternant viande, lard fumé, tranches de tomate et d'oignon. Recouvrir d'une tranche de pain. À déguster tiède, accompagné d'une salade romaine.
(Recette de Jean-François Mallet, Le Vrai Goût de New York, 2008)

Edward Hopper,  Pennsyvalnia Coal town, 1947

Le Vrai goût de New York, 2008 -  Moins chic que chez Peter Luger
Faites vite, vous avez maintenant jusqu'au 3 février pour aller voir Hopper au Grand Palais ... c'est super et superbe ... Allez savoir pourquoi, quand je vois une toile de Hopper,  j'ai faim de hamburger ... entre autre ...

mercredi 23 janvier 2013

Le Tulipier de Matignon ....

Il est sans doute l'un des plus vieux chênes de France. Mais les indices habituels qui servent de base pour une estimation, sont bien peu fiables quand un arbre atteint une telle structure. Les cernes ou couches de croissance annuelle sont très étroits car ils ne sont lisibles que dans la partie tout à fait périphérique et ne rendent compte que d'une vitesse de croissance terminale, c'est-à-dire extrêmement lente. La destruction de la partie centrale ne permet pas de se faire une opinion sur la vitesse de croissance dans la période de jeunesse, au cours des premiers siècles de sa vie. La dispersion totale de la matière organique du cœur élimine toute possibilité de datation fiable par le radiocarbone qui, du reste, à cette échelle, n'aurait pas une grande précision. De la mesure de son tour de taille ou de son diamètre on ne peut tirer une donnée répétitive très précise : des parties entières du tronc se sont écroulées et celles qui restent sont à ce point boursouflées qu'il est parfaitement impossible de fixer sans ambiguïté une valeur précise. On a proposé des mensurations de circonférence relevées à hauteur d'épaule qui se répartissent entre treize et quinze mètres... Il reste à établir des comparaisons avec d'autres arbres de la même espèce dont on connaît assez correctement l'âge. On peut extrapoler à partir des graphiques obtenus en tenant compte du climat ou microclimat et de la nature du terrain.C'est donc à partir d'un faisceau de données qu'une estimation d'âge peut être proposée. Compte tenu des imprécisions nombreuses, on comprend qu'une fourchette assez large doive être retenue. C'est dans la période de l'an 400 à l'an 700, laps de temps qui couvre l'immigration celte en provenance de la Bretagne insulaire, la confrontation des celtes armoricains à la Gaule romaine et enfin les relations avec les rois francs, que se situent la naissance et les premiers siècles du chêne de Tronjoly. Il n'est pas rare, et cela est encore vrai de nos jours, qu'un arbre remarquable ait été planté ou préservé en remplacement d'un arbre antérieur; ce n'est pas donc seulement l'arbre ancien qu'il faut considérer mais le site où il se trouve.

(Robert Bourdu, Histoire de France racontée par les arbres, Le chêne de Tronjoly, témoin des temps celtes, 1999)

Plan de Turgot 1734 ( Planche n° 16)
Amménagement du secteur de Matignon après la construction des Invalides  en 1683


Le jeune Platane  et le vieux Tulipier en 1997



La méthode d'Alan Mitchell est globale. Elle tient compte également de la nature des sols. Un jardin est par définition un sol perturbé. Les jardins parisiens ont des sols très perturbés, s'ajoutent des conditions climatiques bizarres liées à la présence des immeubles, de la pollution etc ... Le sol de Matignon est tout sauf un sol, c'est un simple support. Les bâtisseurs ont remblayé pour assainir, pour mettre à niveau ... Ceux qui connaissent la rue de Babylone seront peut-être surpris d’apprendre qu'il y a une différence de 4 mètres environ entre le parc de Matignon et le jardin des Missions Etrangères pourtant distant d'une cinquantaine de mètres ... Matignon a sacrément remblayé. L'impact sur les arbres n'est pas évident ... Prenons le Platane, il semble paraître 200 ans en 1997 alors qu'il n'apparait pas sur la photographie d'Atget en 1904 ... Mais ou est il allé chercher l'eau et les minéraux utiles à sa croissance ? ... A une vingtaine de mètres, un Tulipier, à croissance rapide, parait avoir 50 ans ... et ne devrait pas dépasser la trentaine d'années selon la méthode Mitchell … Mais quel âge a t-il ?

Connaître l'âge d'un arbre n'apporte pas grand chose dans le diagnostic d'un jardin ancien … il est plus important de comprendre comment le patrimoine arboré a évolué. En jardin historique si nous nous intéressons à une plantation c'est en relation avec un aménagement.

La méthode la plus fiable pour dater un arbre est constituée de plusieurs démarche :
La première démarche est de connaître la date d'introduction du végétal sur le territoire. Le Tulipier est introduit en 1663 (ce qui nous apporte rien ici). L'introduction du végétal ne correspond quasiment jamais avec son utilisation dans les jardins ... Si un jour quelqu'un vous dit que son Tulipier à 500 ans, vous avez le droit d'émettre sérieusement un doute ... Le Tulipier apparaît réellement dans les jardins et de façon régulière à la fin du 18e siècle notamment à Trianon et la Malmaison.




Ensuite, comme pour toute recherche en jardin historique, il faut confronter le terrain avec les archives iconographiques et documentaires (Plans, photographies, devis, mémoire de travaux, récits etc.). Ici le Tulipier est présent sur une photographie datée de 1904 mais il est absent du plan très fiable relevé en 1811. Nous savons que l'arbre à donc plus de cent ans et moins de 200 ans. Mine de rien, posséder ces deux informations est déjà énorme. 

Il faut ensuite s’intéresser à l'histoire du lieu.
1) Talleyrand quitte Matignon en 1811, le Tulipier n'apparait pas sur le relevé de 1811.
2) Adélaide Bourbon période 1815-1852 entreprendra des travaux importants, pourquoi ne pas planter un Tulipier ? Sachant qu'elle ne résidera jamais à Matignon ...
3) 1848-1852, Matignon est occupé par le Général Cavaignac,
plantation de Tulipier peu probable mais allez savoir … 
4) Les Galliera, période 1852-1890 entreprennent une restauration de l'hôtel et du jardin dès 1852 avec une période importante pour le jardin en 1879 et notamment la construction d'un jardin d'hiver maintenant disparu.

le Tulipier de Matignon a pu être planté entre 1815 et 1879 date des derniers travaux connus par Galliera dans l'Hôtel.

Il faut maintenant regarder à la fois l’arbre aujourd'hui in situ et sur les photographies du début du XXe siècle …. On remarque que l'arbre subit une concurrence importante et de longue date dû au robinier situé à l'arrière. Nous voyons également qu'il a subi un ravalement (toujours visible en 1997) enfin nous le savons maintenant, il est très peu poussant. Nous sommes donc en présence d’un arbre qui a subi une concurrence, un ravalement et qui essaie de pousser dans un sol qui ne lui convient pas beaucoup. En 1904 on peut (presque) affirmer qu’il a bien une bonne quarantaine d’années, ce qui correspondrait à la période de travaux de 1852 réalisés par les Galliera … 

Maintenant que Matignon est ouvert au public … regardez bien le Tulipier, ce gringalet a dans les 160 ans …  au premier abord, c’est loin d’être évident …



lundi 21 janvier 2013

Les vieux arbres ...

Il y a vieillissement d'un arbre lorsqu'il y a déclin non pathologique de certaines structures et fonctions : réduction de la ramification et de la longueur des pousses, désorganisation architecturale entre les axes, réduction du nombre de pousses produites au cours d'une même année, perte de la capacité à produire des racines, affaiblissement de la croissance en diamètre des axes, chute de l'activité photosynthétique, baisse de la vitesse de recouvrement des plaies, réduction chez certaines essences monoïques de la floraison femelle. Quand l'expression de ce déclin est maximale, l'arbre est qualifié de sénescent. Plus un arbre est proche de la sénescence, plus il est difficile de provoquer l'apparition de rejets sur le tronc et les branches de gros diamètre, et plus ces rejets ont un développement limité. Tailler un arbre sénescent en espérant le rajeunir est illusoire : les rejets produits seront d'emblée vieux, peu nombreux, fleuriront rapidement, auront un petit développement et seront incapables de remplacer les parties taillées
(Christophe Drénou, La taille des arbres d'ornement, du pourquoi au comment, 1999)


Si vous voulez acheter un livre technique c'est celui-la. ll traite des arbres et par extension de tous les végétaux ... c'est une belle leçon de chose ... par le plus que très compétent Christophe Drénou ... 



 un extrait ...

LES LIEUX
Site : environnement rural, aire de pâturage pour des bovins. • Structure arborée : arbre isolé.
Pratiques et contraintes des lieux : une petite mare est située à environ 10 m de l'arbre et son pourtour est fortement piétiné par les bêtes.
LES ARBRES
Forme : l'architecture de cet arbre est le résultat d'une ancienne descente de cime. L'extrémité du tronc a disparu, de grosses branches maîtresses sont cassées, et les autres branches - comme en témoigne leur faible diamètre - sont le résultat d'anciens rejets affaissés apparus il y a de nombreuses années. Hauteur de l'arbre 14 m, circonférence à 1 m du sol : 8,44 m.
État : l'âge estimé de ce sujet est de 500 à 700 ans. Le tronc est creux et l'épaisseur moyenne de la paroi constituée par l'aubier et l'écorce est de dix-huit centimètres. La croissance est extrêmement faible (le polycyclisme a disparu, les pousses mesurent 2 cm de long, et les branches de 2 cm de diamètre ont environ 30 ans). Par ailleurs, une photographie prise en 1895 montre que l'arbre a perdu l'aptitude à produire des rejets. Les branches cassent ou meurent, mais ne sont pas remplacées. Le volume de la cime diminue donc inexorablement avec le temps, l'arbre est en phase de sénescence.

Christophe Drénou, La taille des arbres d'ornement, du pourquoi au comment, 1999

Christophe Drénou, La taille des arbres d'ornement, du pourquoi au comment, 1999


LA TAILLE
La descente de cime n'est pas un stade de développement, c'est un moyen de défense en réaction à un stress, et cette capacité diminue au cours du temps.
C'est parce qu'il est rare qu'un arbre devienne très vieux sans avoir un jour réagi à une perturbation du milieu en exprimant une descente de cime que cette dernière a longtemps été associée au vieillissement. Bien au contraire, comme le montre cette étude de cas, c'est lorsque disparaît la faculté de faire une descente de cime que commence la sénescence et que la mort de l'arbre devient inéluctable. Pendant la sénescence, phase pouvant durer très longtemps, toute taille raccourcit l'espérance de vie de l'arbre. Même le retrait du bois mort est contesté par certains spécialistes bien qu'aucune explication scientifique ne soit apportée sur le sujet.

vendredi 18 janvier 2013

Le jardin des insectes d'Arnaud Ville ...

Parmi les hôtes du potager : Carabus auratus, Carabus coriaceus, Cetonia aurata, Harmonia axyridis, Ovalisia festiva, Pachyrhinus lethierryi, Creophilus maxillosus, Reduvius personnatus ...
(Arnaud Ville, Le jardin des insectes, 2012)

Portrait du frelon européen (Vespa crabro), grand chasseur d’insectes adultes et de chenilles.

Arnaud Ville aime les insectes et plus particulièrement les coléoptères ... Allez voir son blog c'est très beau , c'est très savant ... avec un petit quelque chose qui me rappelle les films de Tim Burton ... 

Cliquez: Le jardin des insectes d'Arnaud Ville ...


mercredi 16 janvier 2013

Mauvaise herbe et autosatisfaction ...

Je suis de la mauvaise herbe
Braves gens, braves gens
C'est pas moi qu'on rumine
Et c'est pas moi qu'on met en gerbes
La mort faucha les autres
Braves gens, braves gens
Et me fit grâce à moi
C'est immoral et c'est comme ça
(Georges Brassens, La Mauvaise Herbe, 1954)


Taraxacum officinale ou Pissenlit ou Mauvaise herbe  
La mauvaise herbe ... les faux culs l'appellent "adventice" ou "indésirable" ... moi j'aime bien le terme de "mauvaise herbe" ... elle a un coté "Bad boy"... C'est la plante qui ne crève pas, le défi permanent au jardinier de maison bourgeoise ... Franchement, s'il y a une plante que j'aime c'est bien celle qui nous dit "Ton gazon ? je m'en fiche, je pousse où je veux" ... Je me souviens à Matignon, nous n'étions pas, à l'époque, très interventionniste ... Beaucoup de "mauvaise herbe" sur la Grande Pelouse ... et c'était bien ... Un jour, on m'appelle ... Un patron de presse qui se promenait avec un conseiller avait entendu parler des fameux arbres de premiers ministres ... je lui fais visiter, c'était très sympa, le type plein d'humour portant un regard critique sur chaque arbre ... pourtant, un moment donné, nous sommes sur la grande pelouse ... il me provoque ! Il me montre du bout du pied un pissenlit ... Bref une mauvaise herbe ... Il me regarde, me toise, me défie en hochant la tête l'air de dire "Alors! Alors!" ... Je regarde la mauvaise herbe, je le regarde, je le toise à mon tour "A Matignon, nous ne sommes pas des golfeurs" ... Non mais ! ...

lundi 14 janvier 2013

L'âge des arbres ...

Pour analyser les plantations d'origine, il est nécessaire de « trier le bon grain de l'ivraie » et de se demander quels individus ont véritablement une signification historique et procèdent d'une intention volontaire du concepteur du parc. L'élément-clé de cette détermination est la recherche de végétaux cohérents en terme d'âge avec la conception, c'est-à-dire aussi vieux — voire plus vieux — que la date d'aménagement de référence (quand on la connaît).

Ceci amène à tenter d'estimer ou de déterminer l'âge des végétaux vivants. Deux méthodes sont possibles, mais aucune à notre connaissance n'est à la fois précise et sans dommages pour l'arbre :

La méthode la plus simple, mais qui présente aussi le plus de risques d'erreurs, consiste à se baser sur la circonférence du tronc de l'arbre, en partant du principe que son état actuel résulte d'une croissance annuelle comprise dans une fourchette donnée pour une espèce particulière dans un contexte de croissance défini.

Le célèbre dendrologue anglais Alan Mitchell affirme par exemple : « Les espèces d'arbres les plus variées se conforment très largement à la plus simple des règles possibles : la croissance moyenne de la circonférence (du tronc) à 1,50 m de haut de la plupart des arbres munis d'une couronne complète est de 2,5 cm par an. Un arbre de 2,44 m de circonférence est habituellement âgé de 100 ans environ. S'il pousse dans un bois, il aura 200 ans. S'il est dans une avenue ou légèrement entouré, il aura 150 ans. Ceci s'est vérifié sur des centaines de spécimens de presque chaque espèce de grands arbres, conifères ou feuillus ». Précisant qu'il s'agit de moyennes calculées sur l'ensemble de la vie d'un arbre, il affine cette règle par quelques exceptions : « Les arbres poussant très vite, de plus de 5 à 7, 5 cm par an sont : le séquoia et le séquoia géant, le sapin blanc du Colorado, le sapin géant, le douglas, le Tsuga géant, le peuplier d'Italie et autres hybrides, les ptérocaryer, les nothofagus, les chênes  -rouges, de Hongrie, et à feuille de châtaignier -, le tulipier, le platane à feuilles d'érables et la plupart des eucalyptus ». De la même façon, « des arbres poussant moins vite, de moins de 2,5 cm par an sont : le pin sylvestre, l'épicéa commun, le marronnier d'Inde et le tilleul de Hollande ».

Nous tempérerons pour notre part ces règles en les affectant aux parcs à bonnes conditions de croissance, notamment atlantiques ou méridionaux bien irrigués. D'autre part, si elles nous semblent vérifiées statistiquement sur de nombreux arbres, elles sont l'objet de très grosses variations individuelles, Si elles permettent une appréciation globale d'une population d'arbres, elles ne peuvent caractériser un arbre pris isolément, d'autant plus que ce sujet sera âgé et aura subi la concurrence de ses voisins. On est parfois très surpris de constater le grand âge d'arbres minuscules avant poussé sous couvert ou la jeunesse de mastodontes avant crû dans des conditions optimales.

L'autre méthode est l'usage de la tarière dite de « Pressler », qui consiste à prélever une carotte de bois dans le tronc de l'arbre à identifier et à compter ses cernes. Cette méthode altère malheureusement le bois des arbres, donc leur santé. Elle est à ce titre déconseillée sur des arbres remarquables, mais peut utilement servir à étalonner des échantillons de diamètres dans un parc, sur des arbres mineurs, pour se faire une idée des âges correspondants, en tenant compte des variations locales ou spécifiques.

Dans les situations dégradées, on peut relever des indices de la présence d'un arbre ancien : c'est le cas d'une population de rejets jeunes dont le pied-mère a disparu, d'organisation en touffes circulaires, cépées dont la souche-mère est totalement détruite, de petites buttes, témoins de la présence d'un arbre isolé sur une pelouse, d'arbustes étiolés dans un sous-bois après l'avancée de la lisière qu'ils contribuaient auparavant à constituer... De la même façon, un arbre taillé dans son passé en garde longtemps les stigmates, souvent le reste de sa vie. Ainsi, les traces de palissades abandonnées se retrouvent fréquemment dans des arbres avant retrouvé leur port libre.

C'est pourquoi une observation fine des végétaux et micro-reliefs est très précieuse, car elle peut aider à faire des hypothèses concernant un état de référence ancien. Elle peut amener à détecter ou conforter des éléments de l'histoire du parc, car les végétaux sont susceptibles de témoigner d'anciennes organisations et usages de l'espace.

(Œuvres collectives, La datation d'arbres et la recherche des traces, 2000)



Le chêne pédonculé, (Quercus robur) le "Majesty" The Fredville Oak, dans le  Kent en 1824 et de nos jours

vendredi 11 janvier 2013

New York 2 ...

À New York, tout le monde veut aller quelque part. À Noël, tout le monde veut aller chez Macy's, et l'été, tout le monde veut aller à la plage. À cinq heures de l'après-midi, tout le monde veut traverser les tunnels. Le samedi soir, tout le monde veut aller au kiosque à journaux pour acheter la presse du dimanche. 

Dans les quartiers chics, tout le monde veut aller chez Zabar, et dans les quartiers pauvres, tout le monde veut aller chez Balducci. Tout le monde, tout le temps, veut prendre le prochain ascenseur, le prochain métro et la place de son voisin. 

Des employés de bureau veulent aller dans les toilettes des patrons. Les patrons veulent aller à Palm Springs ou à Palm Beach. A l'aéroport Kennedy, les passagers de première classe veulent aller dans le salon des VIP. Les chauffeurs de taxi veulent traverser la ville. Les enfants veulent aller au Radio City Music Hall, les adolescents veulent aller au cinéma porno, et un pour cent de la population veut aller assister à un spectacle sur Broadway. Les démarcheurs à domicile veulent gagner un voyage gratuit à Porto-Rico grâce à un chiffre de vente d'un million de dollars. 

McDonald's veut s'installer dans le Village. Des types qui portent le nœud papillon de l'année dernière veulent redevenir dans le vent. Des sous-directeurs veulent un bureau en coin. Là-bas chez ABC, ils veulent entrer dans la course. 

Ceux qui font du shopping veulent monter dans un taxi climatisé. Durant la semaine, ceux qui ont une cause à défendre veulent aller à City Hall Park, mais le dimanche ils veulent aller à Central Park. 

Les passagers du train A veulent aller à Harlem. 

Les coursiers veulent monter au sixième étage. Les anciens alcooliques veulent descendre au sous-sol de l'église. Les cambrioleurs veulent escalader l'échelle d'incendie et les éleveurs de pigeons monter sur le toit. 

Vite, il faut faire vite. 

Presque tout le monde veut passer à la télé. Les gens des télévisions locales veulent passer sur les chaînes nationales. Les gens des chaînes nationales veulent aller à Palm Springs ou à Palm Beach. 

Les retraités de l'Upper West Side veulent s'asseoir au soleil sur un banc au milieu de Broadway. Une fois arrivés, ils voudraient être à Miami. 

Les hommes veulent être auprès des femmes. Les femmes veulent être les égales des hommes. Les enfants intelligents veulent entrer à la High School of Music & Art, les enfants idiots veulent quitter l'école. 

Ceux qui habitent dans de vieux immeubles veulent emménager dans des tours. Ceux qui habitent dans les cités veulent retourner dans un vieil immeuble. Les acteurs de New York veulent aller à Los Angeles. 

À New York, tout le monde veut aller quelque part. Et parfois, quelqu'un y arrive.

(Donald Westlake, Dancing Aztecs, 1976)




mercredi 9 janvier 2013

Le Grand Canal de Versailles n'est pas un Pied-Tendre...

Que l'on entre à cheval dans la résidence, soit. Que l'on casse le mobilier, soit. Que l'on tire des coups de feu dans le salon, soit ... Mais que l'on crache sur le tapis, ça je ne l'ai jamais vu, même chez le Comte de Hampchester 18e du nom !!!
(René Goscinny, Le Pied-Tendre, 1967)
Le Grand Canal de Versailles
Axe Nord-Sud
Ifs taillés selon les dessins d' Alexander Edward 

Alexander Edward,  Dessins de Topiaires, 1705 -
D'après nature - Petit Parc de Versailles
Le tour du Grand Canal de Versailles est de loin ma promenade préférée dans un jardin. Le Grand Canal est malgré tout (grandeur, anamorphose) d'une simplicité remarquable, d'une simplicité solide : Allée, arbres, pelouse, eau ... et ça se répète à l'infini ... Allée, arbres, pelouse, eau ... Allée, arbres, pelouse, eau ... Allée, arbres, pelouse, eau etc. ... Cette promenade, je la commence toujours à partir du Grand Trianon dans le sens contraire des aiguilles d'une montre ... elle est toujours nostalgique… et oui !  Moi,  je suis de Trianon ... Trian' comme on disait.  Mon grand-père allait la nuit couper du bois dans le Grand Parc pendant la guerre... Mes parents et leurs copains semaient les gardiens en sautant le Saut-de-loup du Hameau de la Reine ... Moi, bien plus sage, je me souviens d’une Madame Debré qui vendait des Orangina face au Petit Trianon. … Allée, arbres, pelouse, eau ... Allée, arbres, pelouse, eau ... Brutalement, sans explication,  le rythme est perturbé par un contretemps d’ifs ridiculement taillés, des ifs précieux, des ifs maniérés … C’était peut être comme ça au XVIIe siècle mais on s’en fiche nom de dieu !! …  Versailles est un Domaine pas une cour d’hôtel … Qu'on me vire ces ifs aux allures de Pied-Tendres …  

lundi 7 janvier 2013

Calendrier du Bon Jardinier de 1947 : janvier ...

Quand on tient un blog, on a accès à la "Source du trafic "... Si vous tapez " jardin régulier" sur Google et que vous arrivez chez moi ... je le sais ... Un jour, après avoir lu "Jardiner quand dans l'année ?" Je me suis dit qu'il fallait que je fasse quelque chose pour sortir de l'angoisse ce pauvre lecteur... 
Le très attachant Calendrier du Bon Jardinier de 1947 devrait calmer quelques temps notre lecteur angoissé... Chaque début de mois je le publierai en essayant d'apporter quelques commentaires ou explications. 
Mais, le maintenant presque vieux jardinier que je suis peut donner un conseil de vieux jardinier .... Pour comprendre et exercer le métier de jardinier, il faut se poser seulement deux questions : "Qu'est-ce qu'un jardin ?" "Qu'est-ce que mon jardin ?" ... le Calendrier du Bon Jardinier de 1947 est très attachant certes, mais il a ses limites ... à la question "quand doit-on jardiner?" le calendrier d'entretien répond ... Jamais il ne répond à la question "Comment doit-on jardiner son jardin ?" Ce qui suit est un regard sur cet outil, prenez ce qui vous intéresse ... le reste est de la culture hortésienne ... 

Bonne lecture et prudence ...



Le Calendrier du Bon Jardinier de 1947 est signé Eugène Laumonnier et Maurice Marcel 

L'usage en littérature horticole, veut que le calendrier des travaux à effectuer chaque mois, commence en janvier. En pratique, le mois d'août marque réellement le début de l'année culturale. Pour essayer d'accorder le calendrier civil et la répartition des opérations culturales, nous nous proposons d'utiliser les observations de la marche de la végétation.
Chaque phase de saison a été définie par la feuillaison ou la floraison d'arbustes, d'arbres ou de plantes que l'on rencontre facilement dans les jardins ou dans leurs abords. Quételet dès 1848 publiait des Instructions très précises pour l'observation des phénomènes périodiques de la végétation. Plus près de nous, Renou commence une série d'observations phénologiques à l'Observatoire du Parc-St-Maur en 1875; série continuée par Moureaux Dufour et C. E. Brazier alors directeur de l'Observatoire. C'est en partant de cette longue série qui a été dépouillée et mise à jour par nos soins, que nous pourrons appliquer la marche des opérations culturales eu égard à celle de la végétation; selon les feuillaisons et floraisons qu'il observera, le praticien pourra régler ses opérations culturales sur la marche de la végétation et, de là, profiter de l'avance ou du retard de la saison.

Quoique le mois de janvier soit considéré comme étant un des mois les plus froids de l'année, l'activité reprend dans toutes les parties du jardin. Souvent avant lafin du mois on note l'Avant Printemps caractérisé par la floraison femelle du Noisetier (Corytus Aoellana Linné) et celle du Pas-d'Ane (Tussilago farfara Linné). Ce sont les premières manifestations de la végétation.


POTAGER
TRAVAUX GÉNÉRAUX — Préparation du sol pour les semis sur côtières et ados. Continuer les labours et les défoncements quand le sol n'est pas trop humide ou gelé. - Chaulage des terres nécessitant cette opération. En cas de temps doux et pluvieux découvrir les Artichauts, les recouvrir en cas de gelées. Aérer le plus souvent possible les plants conservés sous cloches et sous châssis pour éviter la « fonte ». Visiter souvent la cave à légumes et les silos à salades et à légumes-racines. Le plant de Pommes de terre doit être placé en clayettes pour le faire germer. Ces clayettes doivent être placées dans une réserve claire et à l'abri de la gelée (en avant des caisses dans une Orangerie).
Côtière ou Costière. Plate bande abritée par un mur, une palissade ou une haie exposés au midi et dressée en pente douce vers le sud.
(BJ 1947)
Cotière
Ados. Planche de terre en pente, favorable aux primeurs. Selon l'orientation de la pente, on dit : ados du midi, ou de l'est. (BJ 1947)
Ados
Aérer le plus souvent possible les plants conservés sous cloches et sous châssis pour éviter la « fonte » Il s'agit ici de la Fonte des semis, vous remarquerez qu'avant tout traitement (qu'il soit chimique ou autre) il existe une solution préventive.

SEMIS ETPLANTATION SUR COUCHES. 
Semis sur couche dégageant 15 à 18° C., de Carottes à forcer, avec quelques graines de Radis à forcer. Ces cultures sont contre-plantées de Laitue Gotte et de Choux-fleurs tendres. Semis au doigt sur couche tiède d'Epinards d'été et de Navets à forcer.  Plantation de la deuxième saison de Pommes de terre en plant germé. Semis de Choux pour le début de l'été, de Laitues et Romaines. — Deuxième semis de Poireaux sur couche pour compléter le semis du mois précédent. Préparation de fumier, montage et lardage de meules à champignons.
Couche : Amas de fumier (que l'on couvre de terreau) développant, par la fermentation, de la chaleur que l'on utilise pour la culture de certaines plantes. Une couche chaude est celle qui est faite avec du fumier neuf; une couche froide est montée avec du fumier qui a perdu en partie sa chaleur. (BJ 1947)
Semis au doigt: Technique parisienne, les maraîchers de Paris préfèraient semer au doigt, c'est-à-dire faire tous les 1,5 cm à l'aide du doigt un petit trou dans lequel ils déposaient une ou deux graines.
Forçage.
Mise en végétation de la deuxième saison de Pêchers (température 51 à 12°). Bassinages matin et soir des Vignes, Pêchers et Fraisiers forcés. Taille et palissage de la première saison de Pêchers. Montage des couches à Melons (0 m. 60 de hauteur). Moussage des coffres et des châssis. Semis et rempotages successifs de Melons, Tomates, Concombres et Aubergines.
Rentrée en bâches chauffées d'une saison de Fraisiers en pots. Triage des Fraisiers de 1° saison ne montrant pas de fleurs. Rentrées successives tous les 10-15 jours d'arbres fruitiers en pots. Continuer le forçage des Asperges et des Haricots. Forçage sur place du Crambé et de la Rhubarbe. — Entourer avec des feuilles les coffres de culture hâtée de Fraisiers et début de la couverture le soir avec des paillassons. Dans les bâches aux Ananas, augmenter la température en cas d'arrosages copieux. Soigner la maturation des fruits. En cave continuation du forçage des Pissenlits, de la Barbe de Capucin et de la Witloof.
Bassinages: Arroser très légèrement en pluie fine(BJ 1947)
Palissage : Opération qui consiste à fixer, sur un mur ou tout autre appui, les branches d'une plante pour faire prendre à l'ensemble une forme déterminée et la préserver des ruptures qui pourraient se produire par le poids du feuillage et des fruits 
(BJ 1947)

Palissage
Fruitier et verger.
 Si le temps le permet, terminer la plantation des arbres fruitiers. En-jaugeage des arbres que l'on ne peut planter immédiatement. Continuer la taille et le palissage des Poiriers, Pommiers. Au verger, élagage et émondage des arbres-tiges. Pratiquer les traitements d'hiver. Labour léger de tous les carrés où la taille est terminée. Par les temps de gelées transports de fumiers et composts. Visites fréquentes au fruitier et à la chambre à raisin. Brûler du soufre dans cette dernière contre les moisissures. Par les mauvais temps, confection d'auvents, peinture de lattes et réparation du matériel.

Pépinières.
 Continuer les labours et défoncements. Récolte de boutures et greffons d'arbres fruitiers et d'ornements. Les réunir par petites bottes étiquetées et enjauger dans le sable au pied d'un mur au Nord. Récolte, habillage, triage et mise en jauge des plants de Cognassier de Fontenay, Pommier « Paradis noir de Vitry » et « Jaune de Metz », Prunier St-Julien et Cerisier Ste-Lucie. Rabattage des arbres-tiges, greffés l'an dernier. Taille de formation de Poiriers et Pommiers. Stratification dans du sablon des Amandes à coque dure. Plantation de Cognassiers et de Pommiers Paradis et Doucins. Rempotage en pots de 0,20 à 0,24 d'arbres fruitiers pour forcer. Bouturage en bâches chauffées, de la Vigne pour culture en pots.

Défoncements : c'est un labour très profond utilisé en pépinière pour soit disant permettre aux racines des arbres de mieux évoluer dans un sol meuble ... juste une remarque : un sol meuble est pratique mais ce n'est pas un sol au sens pédologique et les végétaux n'évoluent bien que des  sols non perturbés ...
Récolte de boutures et greffons d'arbres fruitiers et d'ornements : Je reviendrai sur la pépinière ... mais avant tout sachez qu'un plante élevée et cultivée dans le sol de votre jardin reprendra toujours mieux qu'une plante de "meilleure qualité" achetée en jardinerie ou pépinière ... 
Habillage : j'aime beaucoup ce terme qui désigne la taille des racines des végétaux qu'on se propose de replanter ... mais attention ce n'est pas n'importe quoi ... l'habillage des racines  ne se fait si et uniquement si cela est utile  après reflexion et observation ...  en revanche ce n'est JAMAIS une opération qui consiste à calibrer le système racinaire à la fosse de plantation ou au pot ...
Jardin d'agrément.
TRAVAUX DE PLEINE TERRE. Continuation des terrassements commencés le mois précédent. Les pelouses à refaire sont labourées profondément en ayant soin d'extirper les racines des mauvaises herbes susceptibles de repousser, les autres seront enterrées au fond de la jauge. Il est aussi possible de décaper le gazon sur 10 cm. d'épaisseur, de mettre en tas motte contre motte; au bout de 2 ans, après plusieurs remaniements, adjonction de fumier de vache et concassages l'on possédera un excellent compost, c'est le « loam » des Anglais.
Les arbres et arbustes morts ou à réformer seront arrachés, les emplacements et trous de plantations seront préparés afin d'effectuer les nouvelles plantations dès que le temps le permettra. Les élagages seront continués. Les bulbes d'Anémones, de Renoncules peuvent encore être mis en terre, même les Jacinthes et Tulipes, si par suite de gelées, il n'avait pas été possible d'effectuer ce travail en novembre-décembre. Par temps doux, découvrir les plantes herbacées qui risquent autant la pourriture que le froid, puis les recouvrir en cas de gelées.
Quelques plantes annuelles telles que : Coquelicots, Pavots doubles, Pieds d'Alouettes, Pois de senteur, Thlaspis annuels peuvent être semées à la fin du mois, à bonne exposition, si le temps le permet.
Les pelouses à refaire : Il faut noter ici les limites du calendrier d'entretien. Nous sommes dans une logique d'intervention systématique et quasi irréfléchie ... Les pelouses à refaire ? Certes cela est possible mais ce genre de préconissation et beaucoup d'autres ont  entrainé le jardinier amateur et même professionnel à agir systématiquement sans dicernement et à refaire par exemple les pelouses tous les dix ans ce qui est une aberration. Pour info, la pelouse du parc de Matignon, régulièrement célébrée a peut-être été refaite en 1904 ....  il y a plus de cent ans. 
SERRES, BACHES ET ORANGERIES.
En orangerie et en serre froide, par suite du manque d'air et de l'absence de rayons solaires, des moisissures et des pourritures se constatent sur les plantes. Toutes les semaines en faisant le nettoyage des serres, enlever les feuilles mortes ou en mauvais état, puis aérer si le temps est doux. Arroser très modérément le matin.
Janvier voit déjà les jours s'allonger, le soleil est parfois un peu plus chaud qu'en décembre, mais c'est aussi le mois des fortes gelées; il faut donc avoir sous la main tout le matériel de couverture : paillassons, litière, feuilles, etc..
En serres chaudes, si l'on chauffe fortement, mouiller les sentiers pour augmenter l'humidité de l'air ambiant.
En serres tempérées et chaudes, le travail est actif. Les oignons à fleurs forcés commencent à fleurir: Jacinthes, Narcisses, Tulipes, etc... Des plantes cultivées comme bisannuelles : Primevères de Chine, Primula obconica, etc..., peuvent servir à décorer les jardins d'hiver. Le forçage des Astilbes (Hoteia) bat son plein.
Les saisons de mises en végétation se succèdent toutes les deux ou trois semaines pour les plantes préparées pour le forçage, de même pour quelques arbustes tels que : Rosiers, Lilas, Deutzia Boule de neige (Viburnum Opulus sterilis), etc... de même pour les Lilium : L. auratum, L. longiforum et similaires, L. speciosum. Les Hippeastrum hybrides (Amaryllis hybrides), l'Ornithogale d'Arabie, là Scille du Pérou. Les pieds mères de plantes molles telles que : Achyranthes, Iresine, Fuschsia, Anthemis, Gnaphalium, Mesembryanthemum, Ageratum sont transportés en serre chaude en vue de leur très proche bouturage.
Dans la serre à multiplication commencent les semis de : Begonia gracilis, B. semperforens, B. tuberosa hybrida, Gloxinia.
Semer des Clarkia afin de les voir fleurir en serre à partir d'avril. Cinéraires et Calcéolaires hybrides sont rentrés en serre tempérée froide.
Les Œillets doubles à grosses fleurs sont arrosés à l'engrais liquide. Une première saison de Begonia, Gloxinia et Achimenes en bulbes ou rhizomes peut être mise en route.
Entre temps procéder au rempotage de plantes de serres tempérées et chaudes : Fougères, Orchidées, Palmiers, etc... Puis laver et nettoyer les plantes qui en ont besoin.
Begonia gracilis, B. semperforens, B. tuberosa hybrida, Gloxinia : Nous sommes en 1947 ... ces plantes sont un peu datées et plus du tout "à la mode" ce qui ne doit absolument pas vous empècher de les utiliser ...
Clarkia : CLARKIA Pursh.  (Œnothéracées). Plante herbacées annuelles, fils, alternes ou opposées, simples ovales ou lancéolées, entières ou denticulées. Fls, axillaires, solitaires et sessiles. 15 à 20 esp. Origine Amérique du Nord  occidentale.elegans Dougl.; Californie, annuel, tige droite, rameuse, 50 à 60 cm. de hauteur, fils, ovales-oblongues, lancéolées, un peu dentées. En juin-sept., fleur rose violacé vif dans le type. Semer en place en avril. (BJ 1947)
Clarkia elegans
(Eugène Laumonier et Maurice Marcel, Le Bon Jardinier, 1947)