vendredi 30 mai 2014

Week end Rendez-Vous aux Jardins 2014 ...





Domaine de Fontainebleau et l'étang des Carpes 

Pour Rendez-Vous aux jardins les 30, 31 mai et 1er juin allez voir le Festival de l'histoire de l'art à Fontainebleau qui se déroule aux mêmes dates .... Vous pourrez vous ballader dans le magnifique parc "de" mon ami Thierry Lerche ... 



Anonyme, Hugo Siegwart modelle une vache ... exposée ce week end

Rendez-Vous aux Jardins 2014

 Festival de L'histoire de l'art



lundi 26 mai 2014

Corsitude ...

U me sguardu s’appudda, ùn trovu ch’è bughjura
Hè nera la scrittura
Ùn ci hè versu
Ùn so leghja ad avà è morgu d’ùn sapè
D’ùn sapè O Savè
Hè quant’una prighjò d’ùn essa stata à a scola
Chì li manca a parola
À stu fogliu
A me penna ùn sà scriva a lettara par tè
Iè par tè, O Savè
O dì comu fà
Ùn possu dì nè palisà
Indu’ sarà
Issa culomba, cù lu me cantu da purtà
Se’ partitu O Tisò d’ùn sapè lu m’amori
Avà mi trica l’ora
A primura
Chì ti voddu stracquà i mei li parè
Hè quant’hè O SavèDa fà andà culà in l’Algeria strana
A nutizia luntana
A me pena
Quì tuttu mi s’hè spintu è morgu senza tè
Senza tè O Savè
Morgu di tè
Ùn la ti possu fà sapè
O Savè
Hè cussì ingratu d’un pudè
Carizzà quiddu fogliu è lampà li me sensi
Com’è fiori di carta da pudetti incantà
Signuzzà li me pienti intruscendu filari
Da caccianni altr’è tantu è po’ fatti vultà


(A. Di Meglio, M. Valentini, Lettara Muta, 2012)
Pierre-Louis et Marie dans les années 30. Ils ont quitté la Corse en 1925 pour s'installer à Marseille puis Versailles ...
Ils  ne retourneront en Corse que pour les vacances à partir des années 60
Ma grand-mère à Marseille à 27 ans ... très belle  
Tante Menia, la grande soeur ... elle restera en Corse, à Calvi ..., 
  Enfant, j'allais chez elle en vacances ... Très vieille, en noir, elle avait le visage buriné par le soleil ... j'avais une trouille d'elle ...
J'aime bien cette chanson du groupe corse Attalà ... elle raconte l'histoire d'une jeune fille illettrée qui ne peut pas écrire à son amour parti à la guerre ( rien que le résumé on pleure .... normal c'est Corse,  c'est douloureux) 
Elle me rappelle l'histoire de mon grand-père, Pedru-Luigi, un honnête homme respectable et respecté ... être le petit fils de Pierre-Louis c'était quelque chose, il suffisait de dire "eu so bisfigliolu di Pedru-Luigi"  ... et hop on était de la famille ... 

Jeune, mon grand-père était berger. Enfance douloureuse, orphelin de mère à 9 ans, illettré, mais parlant français ... pauvre, archi pauvre ... il transhumait à pied avec son troupeau de brebis une bonne partie de l'année, remontait du Niolu jusqu'à Macinaggiu, la pointe du Cap Corse, il campait la plupart du temps ...
Si l'on compare à la famille de ma grand-mère c'était le jour et la nuit ... originaire d'une famille bien plus aisée mais très loin d'être riche, ma grand mère, fille d'un éleveur de chevaux bovins et chèvres et d'une mère Suisse francophone (que les Corses appelaient "la française") transhumait par la route (et non à travers la montagne), ses parents voyageaient à cheval pour se rendre à Calca, un hameau près de Galeria ou ils possédaient une maison pour l'hiver ... En été, tout ce monde vivait à Albertacce, mon village d'origine. 

Ma grand-mère s'appelait Marie. Pierre-Louis aimait Marie et vice versa mais ils ne se parlaient pas (je rappelle qu'on est en Corse au début du 20e siècle) ... différence de classe aussi ... Pierre-Louis se décida un jour de demander Marie en mariage, sans jamais auparavant lui parler, juste des sourires, des signes complices ... 

La demande devait se faire par écrit ... dure épreuve pour un illettré ... comme dans la chanson, impossible de remplir la page et de déclarer son amour... Mais bon !!! ce n'est pas parce qu'on ne sait pas lire qu'on doit manquer de savoir-vivre ... un ami lui rédigea sa lettre. 
La famille de Marie refusa comme il se doit ... en fait, c'est la sœur aînée, Tante Menia, qui réussit à convaincre les parents que Pierre-Louis était un voyou, un bon à rien, un illettré, berger et de surcroit éleveur de brebis (il y a une grande rivalité entre les éleveurs de brebis et les éleveurs de chèvres ... d'ailleurs cette rivalité sera tenace entre mes grand-parents) ... Le refus d'un mariage par la famille était un grand classique... Mon grand-père, dans un élan de romantisme qui fait rêver les jeunes filles, "enleva" ma grand-mère ... l'emmena à Evisa ou ils vécurent pendant 6 mois puis revinrent au village d'Albertacce ou le mariage ne pouvait que se faire ... 
Cette belle histoire de famille était tabou et considérée comme une faute impardonnable par ma grand mère très chrétienne ... Elle me l'a racontée, elle avait 80 ans et était toujours aussi amoureuse de mon grand père... 
Quand Pierre-Louis et Marie revinrent au village, vous avez compris, ma grand-mère était enceinte, le curé se dirigea vers eux, furieux il leur dit " Je ne veux plus vous voir ensemble jusqu'au jour du mariage " 60 ans après ça faisait bien rire ma grand-mère ... comme quoi, les histoires corses sont parfois heureuses ...
Albertacce et l'église au début du 20e siècle, l'ancien clocher et le prête qui maria mes grand-parents
Le Niolu en avril dernier depuis la bergerie de mon grand-père
"Le soleil disparaissait derrière le Monte Cinto et la grande ombre du mont de granit se couchait sur le granit de la vallée. Nous hâtions le pas pour atteindre avant la nuit le petit village d'Albertacce, sorte de tas de pierres soudées aux flancs de pierre de la gorge sauvage."
(Guy de Maupassant : Un bandit corse, 1882)




Lien vers Lettara Muta de Attalà

mardi 6 mai 2014

Un lieu où l'homme n'est pas invité ...



( Reiser. L'écologie, Recueil de planches, 2010 )


Méréville et la Juine, la cascade artificielle  menacée

Méréville et la Juine,  la sublime cascade faisant vibrer l'eau ... elle aussi  menacée

Brissac et le Ruisseau de Monterteau, la cascade réalisée par René-Edouard André menacée
 La Batisse et ses  cascades du 18e siècle -  menacées

Courances et la rivière Ecole, pas de menace pour l'instant

Vaux le Vicomte et le ru Les Jumeaux qui alimente le canal ... pas de menace pour l'instant
Je me souviens d'un jour,  un paysagiste projetait de réaliser le long du périph' une forêt urbaine ... il souhaitait créer '' un lieu où l'homme n'est pas invité" ... 

Les articles L214-18 et R214-109 du code de l’environnement prévoient de restaurer la continuité écologique des cours d’eau. Forts de ces articles, les "gens" de l'eau "invitent" les propriétaires ou gestionnaires de jardins (entre autres) traversés par un cours d'eau, d'effacer toutes constructions faisant barrages et ainsi, restaurer la continuité écologique des cours d'eau.
Ces ouvrages menacés et pour ne parler que de ceux situés dans les jardins, sont les traces de l'homme, des traces d'usages, c'est l'art de la représentation, de l'imitation ...bref, la civilisation ... La Bâtisse en Auvergne, Méréville, Brissac (et pourquoi pas Vaux le Vicomte et Courances pendant qu'on y est ?) sont menacées ... Exit la représentation du Sublime dans les jardins, exit les cascades de Méréville .... et la rivière de Brissac (je vous en ai déjà parlé) ... Je ne suis pas spécialiste des sédiments de la faune et de la flore des rivières et il est fort probable qu'il est nécessaire d'intervenir pour rétablir cette continuité ... Certes ... Mais ces cascades de jardin sont de l'imitation et non de la destruction de la Nature ... (et franchement, j'aimerais qu'on m'apporte la preuve que les cascades des jardins cités perturbent l'écosystème).
S'attaquer à l'art et plus précisément à l'art des jardins me semble être issu d'une idéologie extrémiste qui me gène beaucoup ... S'attaquer à l'Art des jardins sans discernement et systématiquement est avant toute chose, une attaque dirigée contre l'Homme ... la mémoire de l'Homme ... Cet Homme qu'on cherche à rendre coupable et à exclure de la Nature...
Alors, je me dis que la situation est grave, je crie "aux armes !!!" On me répond qu'il faut me calmer, que ces "gens" ne sont que des technocrates de l'écologie un peu zélés ... Pas sûr que cela soit moins grave ... et curieusement, je me rappelle d'un épisode du feuilleton "Les Envahisseurs" avec le fameux David Vincent où l'on apprenait qu'il n'y avait ni art ni poésie sur la planète des "Martiens" ... je me demande parfois si ces technocrates zélés ne sont pas ces "Envahisseurs"... et je les ai VUS !!!!!