lundi 30 juin 2014

Brasilia ...

J'ai voulu peindre un oeil de boeuf, le reste a suivi ...
(Paul Delvaux, à propos d'Abandon,(il me semble)

Oscar Niemeyer

Congrès national du Brésil, esquisse 

Congrès national du Brésil en construction

Congrès national du Brésil à Brasília(1960)

lundi 23 juin 2014

De l'If ou l'Arbre de mort ...

Celui-ci provient aussi des petits bâtons ou jeunes branches qu'on en plante. On en fait aussi des haies ou des contre-espaliers et sont toujours verts. On les transplante au commencement du mois de mars dans la terre sablonneuse. On en fait aussi des arbres dont on taille le branchage en couronnes, ou bien on les laisse monter tout droit en rond, selon la fantaisie de chacun.
(Jan Van der Groen, Le Jardinier du Pays-Bas, De l'If ou l'Arbre de mort, 1672)


Souvent, on me demande s'il est possible de redonner la forme originelle aux ifs anciens qui se sont laissés pervertir par le temps et les jardiniers ... Cette taille de rajeunissement est possible ... elle est tellement radicale que les jardiniers hésitent souvent à l'utiliser. Pourtant c'est une technique très ancienne déjà citée dans La théorie et la pratique du jardinage, Antoine-Joseph Dézallier d'Argenville (1709).

Taille de rajeunissement sur les ifs de la cour d'honneur de la Malmaison 

Jean-Michel Sainsard - Principe de rajeunissement sur Taxus baccata (if) 
Toutefois, l'histoire et la gestion des topiaires sont loin d'être maîtrisées. Si les méthodes pour réaliser les topiaires et les différentes architectures sont connues, la construction de gabarit pour conserver la forme originelle du topiaire semble récente. Les jardiniers appliquaient des tontes à main levée produisant immanquablement un relâchement des formes.

Anonyme, Manière de dresser les ifs XVIIe siècle - Musée des arts décoratifs (Paris)

Si j'ai longtemps conseillé et même pratiqué cette taille, mettant en avant l'homogénéité, les proportions et le rapport avec l'architecture, ... j'ai tendance maintenant à la déconseiller.

Je mets en garde systématiquement contre toute intervention systématique... si parfois ces relâchements appauvrissent le jardin, la plupart des exemples de relâchement d'ifs donnent des résultats d'une grande poésie et pour citer notre ami Jan Van der Groen, sont d'une grande fantaisie. 
On pense bien sur à Levens Hall en Angleterre, mais aussi, moins connu, au domaine de Lathan en Pays de la Loire ou au Palais Boromée à Isola Bella. Ces ifs fantasques, disproportionnés, deviennent, à l'image des ifs du Parc de Sceaux épargnés par la scandaleuse restitution des parterres, des éléments essentiels et indissociables de la composition.

Domaine de Lathan
L'if d'Isola Bella ( et mon fiston)
Les ifs du Domaine de Vayres

Et que dire des Buis de Powis Castle ?

vendredi 13 juin 2014

Paysage mauriacien ...

Tant pis ! J’oserai dire ce que je pense : paysage le plus beau du monde, à mes yeux... 
(François Mauriac à propos de Malagar)

La plage et l'embouchure de l'Ostriconi 
Au carrefour de la Balagne et de L'Agriate, un pays sauvage, une présence de l'homme subtile et une mer hostile ... à mes yeux, le plus beau paysage du monde ... j'ose le dire ...


mardi 10 juin 2014

Une journée Corse dans le jardin des Milelli ...

 Dans ma famille, le principe était de pas dépenser. Jamais d'argent que pour les objets absolument nécessaires, tels que les vêtements, meubles, etc., mais pas pour la table, excepté l'épicerie : le café, sucre, riz qui ne venaient pas en Corse. Tout autrement, était fourni par les terres. La famille avait un moulin banal où tous les villageois allaient moudre et qui payaient avec une certaine quantité de farine, un four banal qui se payait avec des poissons. On récoltait le vin. On apportait le lait, les fromages de chèvre, même la viande de boucherie ne se payait pas. On avait un compte avec le boucher, et on donnait en échange de la viande de boucherie tant d'équivalence en moutons, agneaux, chevreaux ou même boeufs. L'important était de pas dépenser d'argent. L'argent était fort rare. C'était une grande affaire que de payer avec de l'argent comptant. Il n'y avait à Ajaccio que deux jardins d'oliviers : l'un appartenait à la famille Bonaparte, l'autre aux Jésuites. Depuis, ils se sont multipliés. L'usage était que les proches parents, oncles, tantes, cousins germains ou grands-pères vinssent faire leur provision d'huile, lors de la récolte. Le dimanche, jour où venaient les paysans avec leurs chèvres, le fromage, le lait, etc. il y avait grande bombance qui durait jusqu'au lendemain et le surlendemain en hiver ; en été, on faisait des cadeaux aux parents des choses qui se seraient gâtées, et on aurait pas acheté de cadeaux, c'eût été mal vu. La famille récoltait également du vin. Elle tenait à honneur de n'avoir jamais acheté ni pain, ni vin, ni huile . 
(Napoléon Bonaparte, Cahiers de Sainte-Hélène, 15 février 1821).

Départ le matin d'Orly


Le jardin d'Oliviers des Milelli à Ajaccio
Toujours le jardin d'Oliviers
Un jardinier Corse
Une vue sur Ajaccio 
Mystère et Brocéliande
Halte au bar de l'aéroport
Retour le soir même 

Il y a des fois, je me dis que je fais un drôle de métier ...  

lundi 2 juin 2014

Coup de vieux à Matignon ...

Auprès de mon arbre,
Je vivais heureux,
J'aurais jamais dû m'éloigner de mon arbre...
Auprès de mon arbre,
Je vivais heureux,
J'aurais jamais dû le quitter des yeux...

(Georges Brassens, Auprès De Mon Arbre, 1956)

Samedi, je suis retourné à Matignon ... il y a bien longtemps que je n'y avais pas mis les pieds ... C'était " rendez vous aux jardins", Je passe rue de Babylone, pas de queue, je rentre ... 

La Satue de Pomone et les Hellébores 
J'y pensais depuis quelques temps ... Curieusement, moi qui ne suis pas très plantouille, je veux voir ce que sont devenus tous ces arbres et ces arbustes que j'ai plantés ... pour certains, il y plus de trente cinq ans. Depuis le temps que je fais ce métier, je suis toujours étonné de voir grandir les arbres. De les voir faire des feuilles au printemps m'a toujours fasciné ...

 Il y a un peu de monde mais pas trop, j'ai l'impression d'être John Wayne dans The quiet man, une sorte de retour au pays des souvenirs. 
Bien sûr, je pense à Philippe Buisson, un copain jardinier malheureusement décédé l'année dernière. Tous les deux, nous avons changé l'ambiance de ce jardin, transformant un espace propret de type "résidence de la république" en un jardin ... un vrai ... 

A peine franchi, je les vois déjà, le Magnolia planté en 1991, remplaçant un If couché par un terrible coup de vent... Je vois le Tulipier de Bérégovoy etc... Surpris aussi de voir toujours en place les Hellébores de Corse autour de la statue de Pomone

Le Magnolia, le Tulipier et le Cotinus
Je pourrais continuer comme ça avec quelques centaines de plantes que je reconnais ... un vieux Photinia, (moins courant à l'époque) Laurier du Portugal, Viburnum etc. etc. ... C'est une promenade en solo très émouvante ... 
Trois plantes attirent mon attention :
Le Ginkgo biloba d'Edith Cresson, il est immense, je n'en reviens pas ... je me souviens de lui gringalet .... les arbres vous font très nettement mesurer le temps passé et au passage, je me prends un sacré coup de vieux.

Le Ginkgo biloba
Le Cotinus coggygria ? Je ne me souvenais pas de lui ... c'est un copain de Matignon qui m'avait demandé de le planter dans le parc ... je ne sais plus pourquoi ...

Et les Iris  ... ils sont encore là ... Je suis scotché ... je m'en souviens bien, je les ai ramenés de L'Ile Aux Moines en 1995... J'avais eu l'idée de les mettre dans une des couches Pampers de mon fils ... procédé ingénieux pour faire voyager les plantes ... Ils sont toujours là et en nombre ...

Les Iris à coté du banc
En chemin, je rencontre Isabelle, l'actuelle responsable ... je lui parle de tous ces arbres, le pourquoi, le comment ... Je radote ... je lui raconte des histoires qu'elle connaît parfaitement, acquiesce gentiment ... l'impression d'avoir 150 ans ...