Pourquoi les cerfs s'obstinent-ils au fil des ans à
traverser les mêmes tronçons de la nationale 7, au sud de Fontainebleau ?
Comment expliquer que des sangliers pourchassés en forêt aboutissent
régulièrement sur un parking de supermarché ? Parce que ces grands animaux
sauvages ont une mémoire de leurs parcours, et que celle-ci perdure de
génération en génération. Une caractéristique que devront prendre en compte les
schémas régionaux de cohérence écologique, prévus par le Grenelle de
l'environnement pour maintenir ou rétablir les continuités écologiques
indispensables à la faune sauvage.
Pour décider où se situeront ces « biocorridors », connaître
les déplacements des grands ongulés - des espèces « parapluies » dont la
présence signe celle de bien d'autres plantes et animaux - est une étape
indispensable. Mais comment retracer les parcours naturels de ces mammifères
alors que leur biotope est truffé d'obstacles, infrastructures routières ou
ferroviaires, canaux, zones industrielles ou urbaines ? En ouvrant les archives
des chasses à courre de France et de Navarre.
De nombreux équipages de vénerie ont consigné de longue date
leurs parcours de chasse dans des livres de comptes-rendus, parfois accompagnés
de cartes. Et celles-ci confirment, notamment en forêt de Fontainebleau, où la
chasse royale se pratiquait dès François Ier, que cerfs et chevreuils
empruntent, quand ils le peuvent, des parcours identiques depuis au moins deux
siècles.
« Les ongulés ont une perception avant tout olfactive des
espaces dans lesquels ils vivent », explique Vincent Vignon, naturaliste et
fondateur d'un bureau d'études spécialisé en écologie. Or une partie de ces
repères olfactifs - les odeurs dégagées par les roches, par certains sols ou
par l'humidité - est immuable. Les animaux peuvent se caler sur eux pour
établir leurs voies de déplacement. Lesquelles, transmises des adultes aux
petits, finissent par constituer une « mémoire collective » propre à ces
groupes d'ongulés.
(Catherine Vincent: Extrait de l’article fuite des cerfs face aux chasseurs : une affaire de mémoire, paru dans l'édition
du Monde du 27 décembre 2012)
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Hôtel de Matignon vers 1885-1890 |
Que de Matignon en ce moment ... Cet article du Monde me donne peut être enfin
la clé d'une énigme … Les canards de Matignon … ne confondez pas avec
ceux de l’Elysée, les nôtres étaient
sauvages … Chaque année, on les voyait arriver, ils s’installaient dans le parc,
pondaient etc … Il n’y a pas de bassin à Matignon, une fois nés, les canetons se faisaient dévorer un par un
par les corbeaux, les geais … et même peut être par ce fameux chat noir qui régnait en maître sur ce territoire … il n’y avait pas grand-chose
à faire … Avec un peu de chance, un ou deux s’en sortaient … Mais pourquoi venaient-ils ici ces satanés canards alors qu’il n’y a pas d’eau pourtant indispensable ?… Ils ne sont pas malins … Un jour, j’ai
découvert cette photographie où il apparaît qu’une
mare (dont j'ignore tout) se trouvait à Matignon … Alors ces canards ? Ont-ils eux aussi fini par se constituer une mémoire collective ? Mémoire collective qui comme pour
ces pauvres sangliers et cervidés leur a été fatale … du moins à leur descendance ...