mercredi 29 février 2012

Le territoire de Chevilly…

Toutes ces figures-là souffrent la ligne droite en leurs extrémités : corps desquelles seront divisés par même lignes, pour trouver les centres sur lesquels l'on fera les ronds, ovales, et autres lignes curves convenables à l'ouvrage.
(Olivier de Serres, Théâtre d'Agriculture et Mesnage des Champs, 1600)
L'étoile de Chevilly IGN 1949
Organisation à partir du domaine de Chevilly (IGN 1949)

Vue à vol d'oiseau du château, de l'Étoile et des avenues. Remarquez l'avenue à 6 rangées d'arbres
Extrait le la Carte de Cassini
Le territoire est organisé à partir du jardin … ce territoire est proche ou lointain. Cette organisation se traduit par l'installation d'Allées, d'Avenues, de Ronds, de carrefours en étoile ou en patte d'oie. Le château de Chevilly a la particularité de posséder un fabuleux catalogue : Avenues, Étoile, Patte-d'oie, Allées organisent le territoire ... Accès aux villages, aux fermes, à la Route Royale Paris / Orléans mais aussi à la forêt et au village de Chanteau situé delà de la Forêt et distant de 9 km. L'avenue principale marque tellement le territoire qu'il figure sur la carte de Cassini .... 
Quand on analyse la vue à vol d'oiseau, soudainement un doute survient ... quelle architecture domine ? Celle du château ou celle de l'avenue ? ...

mardi 28 février 2012

Le territoire de Bailleul ...

Il vaut donc mieux se contenter d'une étendue raisonnable, bien cultivée, que d'avoir de ces vastes parcs, dont les trois quarts sont ordinairement négligés. La vraie grandeur d'un beau jardin de doit guère dépasser 30 ou 40 arpents. 
(Antoine-Joseph Dézalier d’Argenville, La théorie et la pratique du jardinage, 1709)

Le domaine de Bailleul au XVIIIe siècle

Le domaine de Bailleul en 1947, aucune trace visible des avenues ...

L'organisation du domaine de Bailleul désigné par ce plan terrier du XVIIIe siècle me laisse songeur … on devine très bien une organisation du proche territoire représentée par un système d'avenues plantées. Le parc et son château étant au centre. Il est curieux ce système d'avenues traversant de part en part le parc qui apparaît dès lors éclaté comme un puzzle . Il est également curieux ce système d'avenues qui mène nulle part. Ont-elles réellement existé ? peu importe … Ces avenues qui mènent nulle part, qu'elles aient existé ou pas, ont un rôle : elles marquent un territoire ...

lundi 27 février 2012

Un artiste qui marche à tâtons ...

On peut conclure de tous ces principes qu'un Jardinier dénué de ces connaissances, est un artiste qui marche à tâtons, toujours en proie à des idées captieuses, à une pratique incertaine, à une mauvaise routine qu'il tient de son père, il n'est jamais sûr de la route qu'il doit prendre dans la maladie ou la stérilité d'un arbre. Loin de chercher les remèdes salutaires qui peuvent tirer un végétal de ce fâcheux état, il prend, en ignorant, le parti le plus court qui est de l'arracher. Comment peut-il remédier au gonflement de la sève, en arrêter le cours, s'il n'en connoît ni la nature ni le chemin qu'elle prend pour se porter dans toute l'étendue d'un arbre ? Comment peut-il guérir les maladies qui attaquent les différentes parties des végétaux, si leur intérieur ne lui est connu ? Il n'y a donc que leur anatomie qui puisse lui en fournir les moyens. Semblable à un Médecin, il peut encore juger de l'infirmité des arbres par les signes extérieurs. Ceci regarde encore plus les arbres fruitiers que ceux qui décorent les Jardins de propreté; mais comme ce sont les mêmes maximes, elles peuvent servir à ces différents Jardins, qu'un habile homme doit également entendre. Au moins, le Maître du Jardin, qui doit avoir l'oeil sur toutes choses, prévenu de ces principes, ne manquera pas de les faire observer.

(Antoine Joseph Dezallier d’Argenville. La Théorie et la pratique du jardinage, 1709)



vendredi 24 février 2012

Dernier jour ...

"Quand reverrai-je mon petit Babar ?"
Jean de Brunhoff, Histoire de Babar le petit éléphant, 1931)
Toute cette semaine mes vacances à la neige en image ... 


Lire le livre "Les histoires de Babar", sous la direction de Dorothée Charles, édité par Les Arts Décoratifs et la Bibliothèque de France... Jean de Brunhoff  dans les années 1930 qui m'a bien aidé cette semaine ...




jeudi 23 février 2012

Lassitude ...

Ce que je sens, c'est un immense découragement, une sensation d'isolement insupportable, une peur perpétuelle d'un malheur vague, une défiance complète de mes forces, une absence totale de désirs, une impossibilité de trouver un amusement quelconque.

(Charles Baudelaire, 30 décembre 1859)

Toute cette semaine mes vacances à la neige en image ... 

mercredi 22 février 2012

Sublime ...

Un rocher artificiel élevé perpendiculairement sur un plateau uni sans se lier à rien et souvent percé en différents endroits par des enfoncements ovales ne peut pas plus prétendre au naturel qu'une terrasse en ligne droite ou un parterre...
(Horace Walpole, Essai Sur Les Jardins Modernes, 1760)

Toute cette semaine mes vacances à la neige en image ...




(Caspar David Friedrich, Le voyageur contemplant une mer de nuage, 1817)

Pendant vos vacances, si vous êtes à la montagne, prenez le temps de vous laisser emporter par l’inaccessible, par l’incommensurable …  par le  Sublime

mardi 21 février 2012

Première descente ...

Le pommier est tombé, mais il est encore enraciné sur plus des trois-quarts. On décide de le garder. Initiative heureuse : il donnera des fruits toutes les années suivantes ...
(Gilles Clément, le jardin en mouvement, de la vallée au parc André Ciroën, 1991)

Toute cette semaine mes vacances à la neige en image ...


Il conviendra de ne pas confondre "descente des cimes" et "descente de cime" qui est, je le rappelle, le dessèchement des branches en altitude ... en général, ce n'est pas bon signe mais il arrive que l'arbre ressuscite comme ce Chataignier au château de Ligoure dans le Limousin. On devine encore au centre une partie du tronc et une (ou deux ?) grosse branche de l'ancienne structure qui formait arbre ... 

lundi 20 février 2012

Vacances à la neige ...






Brr, qu’il fait froid! On ne peut pas, même en hiver, jouir du spectacle de son jardin.
 (Karel Čapek, L’année du jardinier, 1929).



               
Toute cette semaine mes vacances à la neige en image ... 

samedi 18 février 2012

Week end ...

En sortant de l'école
Nous avons rencontré
Un grand chemin de fer 
Qui nous a emmenés
Tout autour de la terre
Dans un wagon doré

Jacques Prévert, En Sortant De L'Ecole, 1946)


vendredi 17 février 2012

Les jardins n'ont pas toujours la peau dure ...

C'était un petit jardin
Qui sentait bon le métropolitain,
Qui sentait bon le bassin parisien.
C'était un petit jardin
Avec une table et une chaise de jardin,
Avec deux arbres un pommier et un sapin
Au fond d'une cour à la Chaussée d'Antin
Mais un jour, près du jardin,
Passait un homme qui, au revers de son veston,
Portait une fleur de béton.
Dans le jardin une voix chanta:
De grâce, de grâce,
Monsieur le Promoteur,
De grâce, de grâce,
Préservez cette grâce.
De grâce, de grâce,
Monsieur le Promoteur,
Ne coupez pas mes fleurs.
C'était un petit jardin
Qui sentait bon le métropolitain,
Qui sentait bon le bassin parisien.
C'était un petit jardin
Avec un rouge-gorge dans son sapin,
Avec un homme qui faisait son jardin,
Au fond d'une cour à la Chaussée d'Antin.
Mais un jour, près du jardin,
Passait un homme qui, au revers de son veston,
Portait une fleur de béton.
Dans le jardin une voix chantait :
De grâce, de grâce,
Monsieur le Promoteur,
De grâce, de grâce,
Préservez cette grâce.
De grâce, de grâce,
Monsieur le Promoteur,
Ne coupez pas mes fleurs.
C'était un petit jardin
Qui sentait bon le bassin parisien.
A la place du joli petit jardin,
Il y a l'entrée d'un souterrain
Où sont rangées comme des parpaings
Les automobiles du centre urbain.
C'était un petit jardin
Au fond d'une cour à la Chaussée d'Antin.
C'était un petit jardin
Au fond d'une cour à la Chaussée d'Antin
(Jacques Dutronc et Jacques Lanzmann, le Petit Jardin1972)





jeudi 16 février 2012

La carte de la végétation 2...


 
Sa Majesté a décidé que le jardin de Compiègne serait planté dans le genre irrégulier et elle a daigné approuver le projet que vous avez présenté …
(Baron Costaz, intendant des bâtiments de la Couronne à Louis-Martin Berthault, le 4 décembre 1811)
Carton édaphologique (Sol)


Carton édaphologique (détail)


Carte de Compiègne 1825


Le Domaine de Compiègne, 1844

Mais la carte de la végétation de la France, associée à d’autres documents iconographiques, aux archives écrites, nous permet de mieux comprendre l’histoire d’un lieu… A Compiègne, nous savons que Napoléon 1er avait fait planter le Grand Parc, prolongeant ainsi le Petit Parc jusqu’à la forêt. La carte de végétation nous apprend que nous sommes en présence de trois sols dont un calcaire, là ou se situe le domaine de Compiègne… un sol différent entraine une végétation différente …  c’est la raison de l’absence de forêt à proximité de la ville … c’est la raison pour laquelle il a fallu planter un Grand Parc artificiel pour rejoindre la forêt, c’est également la raison pour laquelle Compiègne constitue l'exemple assez rare où la forêt a gagné sur la ville et non l'inverse … autre information intéressante : les archives nous apprennent que l’on cultivait du Sainfoin à cet endroit … vous le savez, le sainfoin  pousse sur un sol calcaire …  Si vous vous promenez dans le parc de Compiègne et que vous trouvez que le feuillage de certains arbustes est un peu jaune ne cherchez pas plus loin … c’est le calcaire, c’est le terrain, c’est le pays … 

mercredi 15 février 2012

La carte de la végétation 1 ...


Avant de mettre la main à l'ouvrage, commencez par bien connaitre le pays qui vous environne et par vous assurer du terrain nécessaire à l'exécution de votre projet.
(René-Louis de Giradin, De la composition des paysages, 1777)

Carte de la végétation de la France - Paris
Le carton agricole
Détail de la carte de la végétation de la France -
Autour de Compiègne et Villers-Cotterêts
La carte de la végétation de la France, ça c’est un bon outil ! Ces cartes réalisées à partir de 1947 couvrent l’ensemble du territoire. Elles font un état de la végétation … parfois, c’est très mystérieux et poétique …  « sous-étage nul et pelouse continue de Carex arenaria, facies à Maianthemum bifolium sous ptéridaie. Sauf rares exceptions, la chênaie à Myrtille et Sorbus aucuparia (autrefois Lycopodium Sedago) se localise sur les hautes-buttes »  le document nous indique aussi la nature des sols, le climat, les cultures fruitières, l’agriculture et tout ça en un seul regard ou presque … Malheureusement ce magnifique document n’est plus édité par le CNRS … je crois savoir qu’une version numérisée se prépare… concernant le  jardin, on peut penser que ce n’est pas très utile, trop vaste, trop général, trop botanique etc. Oui mais …  ce document nous donne l’ambiance du territoire, la connaissance du pays et ça c’est indispensable…

mardi 14 février 2012

Il n'y a pas d'amour heureux ...

Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son cœur Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n'y a pas d'amour heureux

Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu'on avait habillés pour un autre destin
A quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu'on retrouve au soir désœuvrés incertains
Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes
Il n'y a pas d'amour heureux

Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j'ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
Il n'y a pas d'amour heureux

Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos cœurs à l'unisson
Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n'y a pas d'amour heureux
 
       ( Louis Aragon, 1946 (extrait)


 Jardin de l'ancienne abbaye du Paraclet 
Le monument d'Héloïse et d'Abélard

lundi 13 février 2012

L'inquiétude créatrice ...






Un beau jour il vous arrive de planter vous même de votre propre main une fleur (dans mon cas, ce fut une joubarbe); au cours de l'opération, par quelque écorchure ou autrement, un peu de terre pénètre dans votre organisme et détermine une sorte d'inflammation ou d'intoxication; bref vous devenez un jardinier fanatique. Seule une griffe s'est engluée et c'est l'oiseau tout entier qui est pris. D'autres fois on devient jardinier parce qu'on est contaminé par les voisins; vous voyez par exemple chez votre voisin une plante magnifique et vous vous dites: « Au diable, pourquoi n'en aurais-je pas aussi? Et il ferait beau voir que chez moi elle ne réussît pas mieux! » Dès lors le jardinier s'enlise de plus en plus profondément dans cette passion nouvelle, alimentée par les succès et surexcitée par les échecs ultérieurs; la convoitise du collectionneur naît en lui, qui le pousse à cultiver toutes les plantes, en suivant l'ordre alphabétique depuis l'Acaene jusqu'à la Zauschnerie. Plus tard se développe en lui la passion de la spécialisation, qui fait d'un homme jusqu'alors réfractaire un maniaque exalté qui ne vit que pour les roses, les dahlias ou quelque autre plante. D'autres encore succomberont à la passion de l'esthétique et se mettront à transformer sans cesse, à changer, à modifier la composition de leur jardin; ils chercheront des harmonies de couleurs, ils transplanteront des touffes de plantes et bouleverseront tout ce qui pousse chez eux, excités par ce qu'on est convenu d'appeler l'inquiétude créatrice. Qu'on n'aille pas s'imaginer que le véritable jardinage comporte une activité bucolique et méditative: c'est une passion qui ne se peut assouvir, comme tout ce à quoi s'attache un homme sérieux. 


(Karel Čapek, L’année du jardinier, 1929).




Jardinier
Palacio dos Marqueses de Frontera, Lisbonne 










samedi 11 février 2012

Week end à New York ...




Born in the USA, 
I was born in the USA,

I was born in the USA,

Born in the USA, now.

(Bruce Springsteen, Born In The USA, 1984)








vendredi 10 février 2012

Des qualités requises au jardinier...



Or tout ainsi que nous choisissons pour notre jardin les arbres jeunes, la tige droite, de belle venue, bien appuyée de racine de tous côtés, et de bonne race : prenons aussi un jeune garçon de bonne nature, de bon esprit, fils d'un bon travailleur, non délicat aussi ayant apparence qu'il aura bonne force de corps avec l'âge, attendant laquelle force nous lui apprendrons à lire et à écrire, à pourtraire et dessiner; car de la pourtraiture dépend la connaissance et jugement des choses belles, et le fondement de toutes les mécaniques; non que j' entende qu'il aille jusques à la peinture, ou sculpture, mais qu'il s'emploie principalement aux particularités qui regardent son art, comme les compartiments, feuillages, moresques et arabesques, et autres, dont sont ordinairement composés les parterres: commençant à profiter en pourtraiture, il faudra monter à la géométrie pour les plants, départements, mesures, et alignement, voire s'il est gentil garçon jusques à l'architecture pour avoir l'intelligence des membres qui font besoin aux corps relevés, et apprendra l'arithmétique pour les supputations des dépenses qui pourront passer par ses mains, afin qu'il ne se trompe, ou ne se laisse tromper quand il sera besoin d'achats et fournitures de plants, ou autres matières. Toutes lesquelles sciences, il faut apprendre en jeunesse, s'il est possible, afin qu'étant en âge suffisant de travailler aux jardins, il commence par la bêche à labourer avec les autres manœuvres, apprenant à bien dresser les terres, plier, redresser, et lier le bois pour les ouvrages de relief: tracer sur terre ses desseins, ou ceux qui lui seront ordonnés, planter, tondre les parterres, et avec la faucille à long manche les palissades, et plusieurs autres particularités qui regardent les embellissements des jardins de plaisir; reste le jardin d'utilité qui provient des fruits et des plantes qui sont mangées, ou il faut non moins d'intelligence et de travail qu'en l' autre, la connaissance de la nature des terres fort différente, y est encore plus nécessaire, celle des fiens* divers, de la différence des climats et des aspects, celle des vents et de la Lune, jusques à pouvoir user de pronostic pour prévoir les temps: il faut avoir la connaissance des plantes, qui est une grande science; savoir leur nature, et la culture qu'elles demandent, les saisons de semer leurs graines, de les avancer, de les transplanter pour les faire croître, retarder et conserver, blanchir et attendrir, et infinies autres particularités encore, qu'il faut que le jardinier sache pour faire et pour enseigner les gens, car tant et tant de choses ne se font pas par un homme seul ...
(Jacques Boyceau de la Bareaudière, Traité du jardinage selon les raisons de la nature et de l’art,1638)


jeudi 9 février 2012

Les jardins ont la peau dure ...


Good bye God, i’m going to Bodie … 
(Anonyme)





Pourquoi parler de Bodie ? Cette ville sans foi ni loi au milieu de la désertique Sierra Nevada détruite par un incendie dans les années 1930 … Bodie est une sorte de Pompéi, les vestiges d’une ville issue de la conquête de l’Ouest américain et des ruées vers l’or. A Bodie on ne comptait pas moins d’un assassinat par jour… Mais au coin d’une rue, il y avait au milieu de cette violence, une maison habitée par une institutrice avec un jardin …le seul de la ville... la ville a été brulée à 95% ; le jardin est toujours là … 

mercredi 8 février 2012

C'est pas gagné ! ...

How many years can a mountain exist,
Before it is washed to the sea? 
How many years can some people exist, 
Before they're allowed to be free? 
And how many times can a man turn his head, 
And pretend that he just doesn't see?

(Bob Dylan,   Blowing In The Wind, 1962)



Moi, j’aurais bien aimé connaitre le parc de la Malmaison, même avec des éoliennes …  Mais le parc a disparu, morcelé, vendu par lots … une ville s’est installée à la place du jardin … il en reste un peu, 6 hectares au lieu de 766 … La liste des jardins disparus en Ile de France aux 19e et 20e siècle est longue … Encore aujourd’hui, à l’image de la Malmaison, les grands parcs sont toujours menacés de disparition. Le Grand Parc de Compiègne est amputé aux trois quarts, les grands parcs de Versailles, Sceaux et Saint-Cloud résistent encore … pendant combien de temps ? ...

mardi 7 février 2012

Le jardin disparait ...


La linéarité des séquences (promenade des jardins)  ordonne mouvements, évènements, espaces dans une progression qui rassemble ou juxtapose des esthétiques ou des activités divergentes.
(Bernard Tschumi, « Combinatoire », in textes parallèles, 1985)

Un jardin ne s’ouvre pas sur une vue,  il s'ouvre sur un territoire ... Que montre Salomon de Caus dans son ouvrage publié en 1620 l’Hortus Palatinus ? L’élément majeur que les historiens ont noté, est la description du jardin et non du palais. En effet, l’ouvrage est une compilation de planches représentant les détails du jardin. La seule gravure qui nous permet de réellement comprendre ce jardin, ce n’est certainement pas le plan ; mais la vue représentant le jardin, le château, le territoire. Ce territoire est le Palatinat de Frédéric V. Ce territoire comprend la ville d'Heidelberg, capital de la région, des routes d'accès, un pont, le fleuve Neckar allant vers le Rhin, une plaine agricole et la montagne au loin qui marque la frontière … Ici comme ailleurs, le jardin est au centre de son territoire. On pourrait ajouter que le jardin  organise le territoire… le jardin regarde ce qu’il a créé … Amputer le jardin de son territoire revient somme toute à créer une compilation de scènes n’ayant pas grand rapport entre elles … Quelle que soit l’évolution du territoire, en aucun cas on ne peut séparer celui-ci du jardin… Une éolienne n’est ni belle ni laide, elle peut être à l’échelle ou pas… ce que vous ressentez en regardant une éolienne, un paysage bucolique ou une usine abandonnée est culturel, rien d’autre... Mais il y a plus grave, en isolant le jardin de son territoire, il disparait …
 

lundi 6 février 2012

Le jardinier ne sort pas d'une graine ...

Contre toute attente, le jardinier ne sort pas d'une graine, ni d'un bourgeon, ni d'un oignon, ni d'un bulbe, ni d'un provin : il devient jardinier avec l'expérience, sous l'influence du voisinage et des conditions naturelles. Aussi longtemps que j'étais jeune, j'avais à l'égard du jardin de mon père l'attitude d'un ennemi et même d'un destructeur, parce qu'il m'était interdit de marcher sur les plates-bandes et de cueillir les fruits verts. A Adam aussi il était interdit au Paradis Terrestre de marcher sur les plates-bandes et de cueillir les fruits de l'Arbre de la Connaissance, parce qu'ils n'étaient pas encore mûrs; seulement Adam comme nous autres, enfants cueillit le fruit vert et, pour cette raison, il fut chassé du Paradis. Depuis ce temps et, pour toujours, le fruit de l'Arbre de la Connaissance reste vert.
(Karel Čapek, L’année du jardinier, 1929).









Balai de Ruscus aculeatus
Palacio dos Marqueses de Frontera, Lisbonne 

samedi 4 février 2012

Week end à Cuba ...


Aqui se queda la clara
La entranable transparencia 
De tu querida presencia 
Comandante Che Guevara ...
(Carlos Puebla, Hasta Siempre, 1965)








vendredi 3 février 2012

Mais que faire d'un paysage moderne ? ...


Dans un paysage, l'unité des parties, leur forme, vaut moins que leur débordement ; il n'y pas de contours francs, chaque surface tremble et s'organise de telle manière qu'elle ouvre essentiellement sur le dehors.
(Michel Courajoud,  le paysage c'est l'endroit ou le ciel et la terre se touchent, in François Dagonet, Mort du paysage, Philosophie et esthétique du paysage, 1982)



La vue sur le paysage est indissociable du jardin … Ce rapport avec l'extérieur n'implique pas  une vue sur un beau paysage … une orientation vers le nouveau, vers la modernité est courante et plusieurs exemples au cours des siècles le confirment …
A la Malmaison, c'est une vue vers l’Aqueduc de Marly qui est encore à la fin du 18e siècle considéré somme toute plus comme exploit technique qu'une belle et grande architecture … A Varades, le propriétaire,  François Briau, créé une vue ( et une route) vers la gare, vers la voie ferrée … il fait entrer la modernité dans son jardin. Idem à la Villa Stern à Saint-Cloud avec ce cadrage magnifique de Jean Claude Nicolas Forestier sur la Tour Eiffel, symbole de modernité en ce début de 20e siècle. Et que dire de Bernard Tschumi qui ouvre le parc de la Villette sur le boulevard périphérique et fait entrer la ville dans le jardin...
Que faire quand le paysage n'évolue pas exactement comme on le souhaiterait ? Doit-on fermer le jardin ? Une éolienne, une autoroute, une voie TGV dans le lointain pose-t-elle un problème visuel, d'échelle ou culturel ? ...

jeudi 2 février 2012

Paysage moderne ? ...

C'était une journée sans vent. Il passa devant les champs d'éoliennes de Palm Spring ; les pales des centaines de générateurs électriques étaient immobiles dans la brume matinale. C'était une vision étrange, comme un cimetière, et Harry préféra détourner le regard.
(Michael CONNELLY, The Black Ice, 1993) 


mercredi 1 février 2012

février ...

En février, le jardinier poursuit les travaux commencés en janvier, en ce sens qu'il cultive surtout le temps. Car sachez que février est une époque dangereuse, durant laquelle un jardinier est menacé par les gelées, le soleil, l 'humidité, la sécheresse et les vents; ce mois, le plus court de tous, ce mois qui est parmi les mois ce qu'est un œuf sans germe dans une couvée, ce mois venu avant terme, ce mois qui grandit d'un jour tous les quatre ans, ce mois plein de traîtrise se distingue entre tous les autres mois par ses caprices sournois: méfiez- vous de lui. Pendant le jour il fait pousser des boutons aux arbustes et, la nuit venue, il les brûle d'une main il vous flatte et de l'autre il vous fait un pied de nez. Le diable sait pourquoi, dans les années bissextiles, on choisit pour lui ajouter un jour ce mois versatile et enrhumé, ce malicieux avorton de mois. Quand l'année est bissextile, on devrait ajouter un jour au beau mois de mai, de façon à ce qu'il en ait 32 et l'affaire serait faite. Comment pourrions-nous faire, nous autres jardiniers, pour y arriver?
La seconde tâche du jardinier, en février, consiste à rester à l'affût des signes avant coureurs du printemps. Le jardinier ne se soucie pas du premier hanneton ou du premier papillon qui d'ordinaire inaugurent le printemps dans les articles de journaux; d'abord parce qu'il n'aime pas du tout les hannetons, quels qu'ils soient, et ensuite parce que ce papillon que l'on dit le premier n'est ordinairement pas autre chose que le dernier de l'année précédente qui a oublié de mourir. Les premiers symptômes du printemps d'après lesquels se guide le jardinier sont beaucoup plus sûrs.
1° Les crocus qui poussent dans l'herbe sous forme de petites pointes trapues; un beau jour cette pointe crève (phénomène auquel personne encore n'a assisté) et. présente à la vue une sorte de brosse formée de feuilles d'un beau vert. Et voilà le premier signe printanier ;
2° Les catalogues de jardiniers, qu'apporte le facteur. Quoique le jardinier les connaisse par cœur ( ces catalogues commencent par les mots Acaena, Acantholimon, Acanthus, Achillea, Aconitum, Adénophore, Adonis, etc... litanie que chaque jardinier est capable de débiter sur le bout du doigt), il les lit soigneusement depuis Acaena jusqu'à Wahlenbergie ou Yucca, se demandant avec angoisse ce qu'il pourrait bien encore commander.
3° Les perce-neige aussi sont des messagers du printemps; au prime abord ce sont de petites pointes vert pâle qui sortent timidement de terre; ces pointes se séparent pour former deux gros pétales et l'affaire est faite. Cela fleurit environ au début de février et je vous le dis, jamais palme de triomphateur, jamais Arbre de la Connaissance ni laurier de gloire ne fut plus beau que ce blanc et délicat calice qui se balance au gré d'un vent bruineux sur sa tigelle pâle;
4° Les voisins constituent encore un symptôme infaillible de l'approche du printemps. Dès qu'ils se précipitent dans leurs jardins avec des bêches, des pioches, des sécateurs, des enduits pour les arbres et toutes sortes de poudres pour mettre dans le sol, un jardinier expérimenté devine que le printemps approche; et alors il revêt lui aussi de vieux pantalons et se précipite dans son jardin avec pioche et bêche, afin que ses voisins à lui s'aperçoivent aussi que le printemps approche et se communiquent par-dessus les palissades cette joyeuse nouvelle. 
(Karel Čapek, L’année du jardinier, 1929).