L’on attribue généralement les jardins de Cordès, près
d'Orcival en Auvergne, à Le Nôtre. Peut-être, sur la fin de sa vie —étant
décédé en 1700— en donna-t-il les plans au maréchal d'Allègre, acquéreur du
domaine en 1695, mais, dans tous les cas, ce ne fut que dans le premier tiers
du XVIIIe siècle qu'ils furent aménagés.
Quoi qu'il en soit, la disposition de ces jardins est
extrêmement ingénieuse. Car la situation de cet antique château — du XVe siècle
— placé au point bas d'un plateau ne permettait d'abord de jardins un peu
étendus que du côté de l'arrivée, et cette arrivée elle-même descendait du
plateau, ce qui fait que la déclivité augmentait la difficulté. Et voici la
solution du problème. L'avenue d'accès fut établie dans une tranchée creusée à
cet effet, que cantonnèrent deux longues terrasses portant les jardins. Bien
plus, afin de ménager la surprise des parterres aux visiteurs, ils furent
bordés de hautes charmilles qui en dérobèrent la vue. L'entrée dans la cour du
château se fait par un portail d'architecture ouverte, qui n'est couronné que
par une traverse de pierre moulurée, horizontale; les jambages sont faits de
deux massifs de pierre à refends, creusés de niches. Un peu en retrait de ces
niches, au sommet des massifs s'accrochent deux culs-de-lampe, disposés, semble-t-il, pour supporter quelque
tourelle ou autre décoration - nous ne savons. — La tour du château comporte
une décoration qui parait plus moderne : deux bassins chantournés entourés de
gazon découpé sur lequel se dressent ifs, taxus, etc. Un mur de soutènement,
circulaire, agrémente d'arcades aveugles, entoure la cour, appuyé aux deux
terrasses hautes, auxquelles montent des degrés de chaque cote du portail de l'entrée
de la cour.
Comme nous l'avons dit, de hautes charmilles taillées en
palissades enferment les parterres des terrasses, d'une élévation de 6 à 8 mètres
; elles sont percées de regards. Ces charmilles offrent autour des
compartiments des parterres une promenade ombragée ; les parterres coin-portent
des pièces de gazon régulières, agrémentées de bassins. Ce qui pourrait faire
croire que ces dispositions sont de l'invention de Le Nôtre, c'est que ces
hautes palissades de charmille doubles sont semblables a celles que l'on voyait
aux allées de Versailles au temps de Louis XIV, lesquelles donnaient ainsi une
promenade ombragée entre ces deux hautes murailles de verdure, disposition qui
fut changée sous Louis XV pour faire place aux lignes de tilleuls fibres qu'on
y voit de nos jours.
Ces jardins offrent donc un aspect louisquatorzien qui
devient précieux pour l'histoire de l'art a cette époque (cf. de Montarnal, Châteaux
et Manoirs, Auvergne; Planchenault, Le Château de Cordes, Beaux-Arts, ancienne série).
(Ernest de Ganay, Beaux Jardins de France,1950, à propos de Cordès)
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Le jardin d'Entre-deux-Monts dans la brume et le vivier à sec |
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Les allées dans la partie boisée |
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Un jardinier ? avec une houe ? par sur ... |
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L'ancien verger, reste un noyer
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Sacré Ernest ... il a tout faux ou presque ... je soupçonne l'historien de ne pas avoir mis les pieds à Cordès, enfin je l’espère pour lui ... Car s'il y est allé, il n'a rien vu, c'est-à-dire l'immense et véritable jardin de Cordès composé de bassins et cascade … il n’a vu, comme tous les visiteurs moyens les fameuses palissades composées dans sa majeure partie de hêtres (hêtrille). … Mais je ne veux pas parler de Cordès ... Je veux rappeler que, pour connaitre, pour juger de la valeur patrimoniale d'un jardin, il faut y aller, il faut l'arpenter de long en large et au-delà ... le regarder, le regarder, le regarder ... Ernest de Ganay est-il allé à Entre-deux-Monts ? Je ne crois pas qu'il en parle ... J'y suis allé et je peux vous dire que c'est un jardin extraordinaire, d'une beauté surprenante, un jardin authentique vrai de vrai, ... La partie boisée est composée d'un système d'allées labyrinthiques rappelant (bizarrement d’ailleurs) les compositions de Louis-Martin Berthault ... J'étais tout retourné ... Était-ce le jardin dans la brume ? La perspective agréable de boire du bourgogne le midi avec le propriétaire ? Je ne sais pas trop... allez le voir. Ce jardin a fait l'objet d'une belle étude réalisée en 2011 par deux étudiantes du Master 2 "Jardins historiques, Patrimoine et Paysage": Christelle Stahl et Marie-Caroline Thuillier. Devenues maintenant professionnelles, elles continuent à étudier Entre-deux-Monts ... Je pense que ce jardin va les tenir en haleine pendant quelques temps, quelques années ... visiblement, il n'est pas du genre à se livrer tout de suite à deux inconnues ... même très sympathiques ...
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