Tant qu'on est dans la fleur de la jeunesse, on pense qu'une fleur est quelque chose que l'on porte à la boutonnière et que l'on offre aux jeunes filles. On n'a absolument aucun sentiment qu'une fleur est quelque chose qui hiverne, qui se bêche, se fume, s'arrose, se transplante, quelque chose qu'il faut tailler, attacher, sarcler, débarrasser des lichens, des feuilles sèches, des pucerons et des moisissures; au lieu de bêcher les plates-bandes, on court le guilledou, on satisfait son ambition, on jouit des fruits de la vie que l'on n'a pas fait pousser soi-même et, en somme, on a une activité purement destructrice. Il est besoin d'une certaine maturité, je dirais volontiers d'un certain âge de paternité pour pouvoir devenir jardinier amateur. En outre, il est nécessaire d'avoir un jardin.
(Karel Čapek, L’année du jardinier, 1929).
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