Le plantage est différent, suivant les diverses parties qui composent un Jardin, nous allons les parcourir toutes, pour sçavoir comme il les faut planter. Commençons par les parterres.
Un parterre étant tracé, suivant ce qui a été dit dans la seconde Partie, et le Buis étant bien choisi, comme on l'a remarqué dans le Chapitre précédent ; la terre bien préparée et bien dressée ; prenez un plantoir et une bêche (qui sont les deux outils dont on se sert le plus dans le Jardinage), et après avoir rafraîchi les racines du buis, et en avoir coupé un peu du chevelu, vous enfoncerez le plantoir environ d'un demi-pied, en suivant exactement la trace du dessein : retirez le plantoir, et écartez un peu le côté en dedans de la trace, pour rendre l'ouverture plus large ; ensuite vous arrangerez dans cette ouverture les racines du buis que vous enfoncerez jusqu'au collet, c'est-à-dire qu'on ne voye sortir de la terre que ses feuilles : après cela l'on donne deux ou trois coups de plantoir en terre, tout autour de ce que l'on vient de planter, ce qui fait rapprocher la terre, et rebouche entièrement la petite rigole. Le buis étant ainsi enterré, on le borne avec le dos du plantoir, ou avec les mains, et on lui donne la forme et le contour qu'il doit avoir suivant le dessein, en plombant bien la terre tout autour, de peur qu'il ne s'évente.
Il faut se servir du plantoir par tout, excepté dans les grandes longueurs et les grands traits de buis, comme sont les plates-bandes et les grands rinceaux de broderie, où l'on peut se servir de la bêche ; alors on tend un cordeau d'un bout à l'autre, suivant la trace, l'on ouvre une rigole à la bêche, et l'on y arrange le buis que l'on recouvre ensuite de terre ; cela va bien plus vite qu'au plantoir.
Le parterre étant ainsi planté, on labourera à la bêche l'endroit destiné pour les plates-bandes, où l'on fera apporter du terreau mêlé avec de la bonne terre, que l'on dressera en dos d'âne ; ensuite l'on espacera et marquera avec des piquets, les places où il faut planter les ifs et les arbrisseaux suivant le dessein, et l'on y fera faire des trous selon la grosseur de ces ifs. Nous avons dit dans le Chapitre ro de la première Partie, que les grands ifs et les arbrisseaux n'étoient plus d'usage présentement, parce qu'ils offusquoient trop la vûe ; ainsi ces ifs auront tout au plus deux ou trois pieds de haut, et les trous seront suffisamment grands à deux pieds d'ouverture en quarré, et deux pieds de profondeur. Ces trous étant faits, vous ferez apporter un if à l'un des bouts de la plate-bande, vous couperez son mannequin, et en découvrirez la motte, dont vous rafraîchirez les petites racines qui passeront ; jetiez un peu de bonne terre au fond du trou, et posez votre arbre dans le milieu que vous mesurerez exactement ; assurez-le un peu en jetant de la terre dessus, et le comblant à moitié, plantez un autre if sur la même ligne à l'autre bout, et en ayant ainsi planté deux, vous espacerez et alignerez tous les autres dessus.
( Antoine Joseph Dezallier d’Argenville. La
Théorie et la pratique du jardinage,1709)
On pense toujours qu'avec le végétal, ça va s'arranger ... parfois vrai, souvent faux ... pour une broderie de buis ça ne pardonne pas ... Pourtant c'est facile, il y a deux solutions possibles ... la bonne et la mauvaise... la bonne? lire ci-dessus … La mauvaise solution, malheureusement de loin la plus utilisée, est une plantation pied à pied avec des écartements entre buis de 20,30 voire 40cm. Le résultat : le visiteur ressent une gêne physique dérangeante provoquée par les désordres esthétiques produits par les dents creuses... vous connaissez cette gène qui vous grattouille entre les omoplates et qui entraine un torsion du cou incontrolable ... L'autre résultat ?... Ca fait cheap! Le buis lui, il s’en fiche, qu’il soit planté serré ou écarté, il vit très bien sa vie de buis de bordure. Le problème n’est qu'esthétique, ce qui, dans un jardin est tout de même très grave …
Antoine Joseph Dezallier d’Argenville, Tracer d' un Parterre sur le terrein et Parterre de broderie d'un goût très nouveau,1709 |
On pense toujours qu'avec le végétal, ça va s'arranger ... parfois vrai, souvent faux ... pour une broderie de buis ça ne pardonne pas ... Pourtant c'est facile, il y a deux solutions possibles ... la bonne et la mauvaise... la bonne? lire ci-dessus … La mauvaise solution, malheureusement de loin la plus utilisée, est une plantation pied à pied avec des écartements entre buis de 20,30 voire 40cm. Le résultat : le visiteur ressent une gêne physique dérangeante provoquée par les désordres esthétiques produits par les dents creuses... vous connaissez cette gène qui vous grattouille entre les omoplates et qui entraine un torsion du cou incontrolable ... L'autre résultat ?... Ca fait cheap! Le buis lui, il s’en fiche, qu’il soit planté serré ou écarté, il vit très bien sa vie de buis de bordure. Le problème n’est qu'esthétique, ce qui, dans un jardin est tout de même très grave …
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