Que ne fait-on faire à la
greffe ? Elle se prête à l'adresse du Jardinier ; Un Sauvageon devient dans ses
mains un nouvel arbre dont le fruit est fondant et doux. Il arrête cette sève
dans le Sauvageon, et la contraint de se coaguler et de prendre l'espèce que
lui présente l'écusson de la greffe qui est comme un ferment qui arrive, qui
digère, et qui reçoit l'aliment qu'il trouve en son chemin. C'est par le moyen
du rameau d'où l'on a tiré l'écusson, que les Curieux se communiquent d'un
Royaume à l'autre les fruits les plus rares qui conservent leur espèce, en
prenant une configuration analogue à la greffe et à l'arbre dont elle a été
tirée ; la sève est donc contrainte de passer dans un corps étranger et
de produire la nouvelle espèce de la greffe en abandonnant la première qu'elle
nourrissoit depuis long-tems. Il se forme autour de la greffe des racines
fibreuses qui s'insinuent dans l'arbre qui porte cette greffe et qui s'étendent
jusqu'en terre d'ou elle tire son aliment, ce qui fait que l'arbre greffé change
la nature de son fruit en celle de l'arbre d'où la greffe a été tirée.
(Antoine-Joseph Dézalier d’Argenville, La théorie et la pratique du jardinage, 1709)
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