Le bourg de Pietranera est très irrégulièrement bâti, comme tous les villages de la Corse ; car, pour voir une rue, il faut aller à Cargèse, bâti par M. de Marbeuf. Les maisons, dispersées au hasard et sans le moindre alignement, occupent le sommet d'un petit plateau, ou plutôt d'un palier de la montagne. Vers le milieu du bourg s'élève un grand chêne vert, et auprès on voit une auge en granit, où un tuyau en bois apporte l'eau d'une source voisine.
(Prosper
Mérimée, Colomba, 1840)
De
quoi il se mêle le père Prosper … ? Oui, en Corse rien est droit !
Et alors! Prosper
Mérimée nous cite le village de Cargèse qui
n'est pas proprement dit un exemple d'architecture corse. Cette
année, j'ai visité la maison d'un ami dans le Cap Corse. Le verger et le potager constituaient un jardin de 5 ou 6 terrasses, la construction datait de la fin du 19e siècle … un travail
considérable de terrassement, d'apport de terre, de construction de
mur, d'escalier … un système hydraulique pour amener l'eau d'une
source située à 3 kilomètres … bref! Un gros travail
d’aménagement. Et bien, aucun des murs n'étaient droits ... alors que c'était loin d'être le plus difficile à faire… Il
faut s’arrêter la dessus, analyser, éviter de faire comme l'abbé
Gaudin qui dans son voyage en Corse ramène tout à la "paresse des Corses" (pauvre idiot) Non, il y a un quelque chose que le non corse ne
comprend pas dans cette absence de régularité … elle n'est pas
nécessaire, elle répond à une philosophie, à un esthétisme ignoré
en Corse … regardez l'église de Murato, un chef d’œuvre
d'architecture polychromes corse … notez l'irrégularité de la
disposition des pierres blanches et vertes … une merveille!
l'église San Michele di Muratu, le clocher est remanié au XVIIIe siècle |
je
me souviens d'une histoire …
Un
jour, un corse nommé Jean-Joseph (jardinier amateur éduqué aux
techniques horticoles à la Française) décide, après avoir vécu toute sa vie sur le continent de prendre sa
retraite dans le village corse de ses origines ... Là, il entreprend, sur un
des terrains de son père, de faire son potager. Le terrain est situé au
centre du village en contrebas d'un mur. Les villageois bien sur l'observent... déjà, il y a la bêche "Mais qu'est-ce que tu
fais avec ta petite pelle?", s'interroge l'un d'eux.
"Je
bêche, enfin je laboure", répond Jean-Joseph.
"Et
tu te sers de ça pour labourer?", en corse la houe est
préférée à la bêche ...
Les
jours passent, enfin arrive le jours du semis. Jean-Joseph prend un
cordeau et le fixe pour tracer son rang.
"Mais
qu'est-ce que tu fais avec ta ficelle,", s’interroge un
autre.
"Et
bien, c'est pour semer", rétorque jean-Joseph.
"Tu
as besoin d'une ficelle pour semer !", s'exclame un autre qui ne
comprend pas le pourquoi de la manœuvre
"Oui", répond Jean-Joseph "pour que ça soit droit"
" Et
pourquoi veux-tu que ça soit droit ? ", rire général ...
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