lundi 24 juin 2013

Je n'aime pas le Jardin des Tuileries ...

Sous la monarchie de Juillet, Louis-Philippe enclôt, aux pieds du palais, le premier parterre, pour en faire un jardin réservé, que Napoléon III agrandira, et fermera d'un fossé. Il est curieux de noter que c'est Napoléon Ier, en prévision de troubles possibles, qui fit établir un passage souterrain, partant des caves du château, et passant sous la terrasse du bord de l'eau : Louis-Philippe, qui le modifia et le prolongea, devait s'en servir pour sa fuite en 1848... Sous le Second Empire, la terrasse du bord de l'eau fut rompue en face du pont de Solférino pour permettre un passage, et d'autres sorties pratiquées. Enfin, sur les deux nouvelles terrasses d'angle, à l'ouest, s'élevèrent du côté du sud une Orangerie (1853), et du côté du nord un Jeu de Paume (1861) : ces deux petits bâtiments ont gardé leurs noms. Malheureusement le palais des Tuileries fut incendié par la Commune en 1871, et le jardin est devenu comme un grand corps décapité... Cela ne l'empêche pas de demeurer fort attachant, sinon par le détail de ses bosquets, assez dénaturés, du moins par ses grandes lignes, par son ossature, et par nombre de statues remarquables des XVIIe et XVIIIe siècles. Du XIXe siècle l'on peut signaler Hercule combattant Acheloüs, de Bosio (1825), à l'allée des Orangers; Alexandre combattant, de Nanteuil (1836) au bassin circulaire. Il faut néanmoins regretter cette «panthéonisation » en plein air par la sculpture que la Troisième République décerna ici à ses « Grands hommes » : ces groupes contrastent singulièrement avec les œuvres du passé, et quant au monument à Jules Ferry, il constitue une grave offense à l'esthétique ; d'autres sculptures modernes sont de valeur inégale. Si le Pavillon de l'Horloge du Louvre, au fond, ne se trouve malheureusement pas dans l'axe de la grande allée — il est dévié à gauche — par bonheur le petit Arc de Triomphe du Carrousel lui sert de fond, d'aboutissement, sauvant pour ainsi dire la face — ce que n'avait sans doute pas prévu le Grand Empereur, mais dont le regard se réjouit de nos jours.
(Ernest de Ganay, Beaux Jardins de France, 1950)

Plan du Louve et des Tuileries fin 19e

IGN, Le Louvre et les Tuileries 1945-2003
Vue à vol d'oiseau des jardins du Carrousel axe Est/Ouest

Vue à vol d'oiseau des jardins du Carrousel axe Nord/Sud

Jardins du Carrousel par Eugène Atget - 1905
Les Réservés par Claude Monet (Les Tuileries, étude - 1876 )



L'articulation Tuileries/Carrousel/Louvre , Projet de 1880 après l'incendie du Palais le 24 mai 1871

Actuellement
Rien de tel qu'un texte d'Ernest de Ganay quand on a l'esprit nostalgique ...
Je n'aime pas le jardin des Tuileries ... je ne l'ai jamais aimé ... J'ai failli être le chef jardinier ... Une heure après mon entretien, j'ai décliné ... Et pourtant, là aussi, s'il y a bien un jardin que j'ai vécu de l'intérieur, c'est bien lui ... Mon père l'a dirigé pendant 20 ans ... le jardin a eu raison de lui et je lui en veux toujours ... Ce jardin est sans état d'âme avec ses jardiniers, c'est un jardin qui épuise ses jardiniers ... trop de monde, trop de bruit, trop de manifestation, trop d'enjeux, trop figé ... et quel ennui...   C'est un jardin qui ne me correspond pas ... Quel rôle pour le jardinier la dedans ???,  Et pourtant quel jardin !!! Un des plus beaux du monde ... Vous allez peut-être me trouver nostalgique … Je regrette les Jardins du Carrousel avec ses statues de Mayol... Ils ont été détruits durant les années 1990 pour laisser place au projet Cribier-Benech-Roubaud/Wirtz ... Certes, ils étaient un peu désuets et même ringards ces jardins du Carrousel ... Bien sûr, le Grand Parterre fonctionne bien mieux maintenant ... Il avait été sacrément tronqué, et c'était là une bien belle bourde ... Je regrette surtout que le projet ait re-séparé les Tuileries du Louvre ... Après la sage décision de la 3e république (1882) de détruire le Palais des Tuileries, permettant ainsi d'ouvrir le Louvre sur Paris, on a prolongé ce que l'on appelait les Jardins Réservés (Louis-Philippe, Napoléon 3) reliant donc quelque chose qui n'avait jamais été relié : le Louvre avec le Jardin des Tuileries ... C'est ce qu'on appelle une articulation ! Je pense que l'on a sous estimé son rôle, elle n'existe plus, je le regrette ... Aujourd'hui, malgré projets, reflexions, malgré cette Pyramide magnifique qui me ravit toujours autant ...  un étranglement a remplacé une articulation ... et dans l'art des jardins comme ailleurs, ça ne pardonne pas... 

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