Un artiste qui marche à tâtons ...
On peut conclure de tous ces principes qu'un Jardinier dénué de ces
connaissances, est un artiste qui marche à tâtons, toujours en proie à des
idées captieuses, à une pratique incertaine, à une mauvaise routine qu'il tient
de son père, il n'est jamais sûr de la route qu'il doit prendre dans la maladie
ou la stérilité d'un arbre. Loin de chercher les remèdes salutaires qui peuvent
tirer un végétal de ce fâcheux état, il prend, en ignorant, le parti le plus
court qui est de l'arracher. Comment peut-il remédier au gonflement de la sève,
en arrêter le cours, s'il n'en connoît ni la nature ni le chemin qu'elle prend
pour se porter dans toute l'étendue d'un arbre ? Comment peut-il guérir les
maladies qui attaquent les différentes parties des végétaux, si leur intérieur
ne lui est connu ? Il n'y a donc que leur anatomie qui puisse lui en fournir
les moyens. Semblable à un Médecin, il peut encore juger de l'infirmité des
arbres par les signes extérieurs. Ceci regarde encore plus les arbres fruitiers
que ceux qui décorent les Jardins de propreté; mais comme ce sont les mêmes
maximes, elles peuvent servir à ces différents Jardins, qu'un habile homme doit
également entendre. Au moins, le Maître du Jardin, qui doit avoir l'oeil sur
toutes choses, prévenu de ces principes, ne manquera pas de les faire observer.
(Antoine Joseph Dezallier d’Argenville. La Théorie et la pratique du jardinage, 1709)
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